La BCE ne veut provisoirement plus stimuler l’économie

Annelore Van Hecke
Senior Macro Economist @Belfius


Véronique Goossens
Chief Economist @Belfius

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La Banque centrale européenne ne prendra provisoirement pas de nouvelles mesures de stimulation de l’économie dans la lutte contre la crise du Covid-19. L’arsenal monétaire de ces derniers mois doit provisoirement suffire.

Lors de la réunion annuelle de fin août des banquiers centraux à Jackson Hole aux États-Unis, la BCE s’est vantée du succès de sa politique. D’une part, le programme de rachat "Pandemic Emergency" a permis de stabiliser les marchés financiers et de diminuer le taux de la dette publique des États membres, comme l’Italie. D’autre part, l’octroi de crédits dans l’économie s’est maintenu grâce à l’attribution de lignes de crédit à très bon marché aux banques. De cette manière, un assèchement du crédit a été évité, comme nous l’avions connu après la crise économique et financière de 2008.

Toutefois, en ce qui concerne son objectif d’inflation de 2 pour cent, la BCE a encore un long chemin à parcourir. En août, l’inflation européenne est passée sous zéro. Bien que cette baisse des prix soit en grande partie imputable à des facteurs uniques, comme une diminution temporaire de la TVA en Allemagne, des réductions de prix dans le secteur touristique pendant le dernier mois de l’été et le report de la période des soldes dans plusieurs pays, elle ne se fait pas dans le bon sens. On s’attend cependant à ce que l’inflation augmente de nouveau au cours des prochains mois à la suite de la disparition de ces facteurs uniques et d’une hausse progressive des prix de l’énergie. Dans la phase actuelle de la récession, la pression à la baisse sur les prix continue néanmoins à prédominer (cf. aussi notre article: Zone euro: la pression inflationniste à la baisse domine).

La forte hausse récente de l’euro par rapport au dollar a également un effet déflationniste, car les produits que nous importons des États-Unis sont meilleur marché. Lors de la réunion de la BCE d’hier, la présidente Lagarde a déclaré qu’elle gardait à l'œil le cours de l’euro, mais que ce n’était pas la tâche de la BCE d’influencer le cours du change. Après ces propos, l’euro s’est de nouveau apprécié sur les marchés financiers.

Étonnant que dans ses nouvelles prévisions, la Banque centrale se montre plus optimiste à propos de l’inflation l’an prochain. Elle table à présent sur une croissance de 1 pour cent des prix l’an prochain et 1,3 pour cent en 2022. Cette révision à la hausse des prévisions d’inflation fait diminuer la possibilité d’avoir des incitants monétaires supplémentaires, ce qui a provoqué des pertes sur les bourses européennes.

De même, les prévisions concernant la récession économique de cette année sont plus positives. L’économie dans la zone euro reculerait à présent de 8 pour cent au lieu de 8,7 pour cent. En revanche, la reprise en 2021 et 2022 est légèrement revue à la baisse, avec une croissance de respectivement 5 pour cent et 3,2 pour cent.



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