L'Allemagne en tête, mais très dépendante du reste du monde.

Frank Maet
Senior Macro Economist @Belfius


Véronique Goossens
Chief Economist @Belfius

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  • La confiance des entrepreneurs allemands reprend du poil de la bête en août après un deuxième trimestre désastreux.
  • L’Allemagne enregistre de meilleures performances que le reste de la zone euro.
  • Les mesures d’urgence des gouvernements paient, mais il est trop tôt pour mettre fin à la politique anti-crise.

Bonnes nouvelles en provenance d’Allemagne. L’indice IFO, un baromètre bien connu de la confiance des entrepreneurs allemands, progresse plus que prévu en août pour atteindre 92,6. Les entreprises considèrent la situation économique actuelle comme moins sombre et font preuve d’un optimisme prudent quant aux opportunités de croissance au troisième trimestre. Au deuxième trimestre, le PIB allemand a reculé de 9,7%, gommant ainsi près de dix ans de croissance économique. Exception faite des dépenses de l’État, tous les piliers de la croissance de l’économie allemande ont été durement touchés par le Covid-19. Les exportations et les investissements dans les machines ont diminué de 20%, tandis que les dépenses des ménages baissaient de plus de 10% en raison du confinement.

Au deuxième trimestre, l’Allemagne a encaissé une gifle historique, mais cette année, le pays enregistre de moins mauvaises performances que le reste de la zone euro. Le tour de force s’explique par l’approche précoce de la pandémie en Allemagne, entraînant une mortalité relativement faible et un confinement plus court. En outre, Berlin n’hésite pas à injecter beaucoup d’argent pour faire face à la crise. Le plan de relance de 130 milliards d’euros impressionne et positionne les Allemands en tête de peloton pour sortir les premiers de la récession. Les chiffres IFO d’août montrent que les mesures d’urgence contribuent à rétablir la confiance, mais l’économie allemande reste encore trop faible pour se passer rapidement de l’aide de l’État.

Kurzarbeit, le système allemand de réduction du temps de travail assorti de subventions salariales, absorbe les chocs à court terme sur le marché de l’emploi et empêche une flambée du taux de chômage. Mais la mesure coûte cher au gouvernement et est dès lors limitée dans le temps. Les ménages allemands n’en sont que très conscients, de sorte que la confiance des consommateurs reste à un niveau bas pendant l’été. La chancelière Merkel est favorable à la prolongation d’un an du système des subventions salariales à un coût estimé à 10 milliards d’euros. La crainte est que le chômage ne s’envole en 2021 si la mesure de crise n’est pas maintenue.



Par ailleurs, les chances de redressement de l’économie allemande sont étroitement liées à la reprise de la demande dans le reste du monde. Les exportations de la plus grande économie de la zone euro ont été plus durement touchées en 2020 que les volumes des échanges mondiaux (voir graphique). Deux produits d’exportation importants de l’Allemagne – les voitures et les machines-outils – se vendent pour l’instant beaucoup moins bien dans le reste du monde. Et le changement n’interviendra pas rapidement. En effet, les débouchés en Chine, aux États-Unis et dans le reste de la zone euro sont encore très loin d’une reprise complète dont le champion européen des exportations peut profiter.



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