Na de Covid-19 crisis, een schuldencrisis?

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Véronique Goossens
Chief Economist @Belfius

Frank Maet
Senior Macro Economist @Belfius

  • Le Conseil supérieur des Finances a remis au gouvernement son avis relatif au budget pluriannuel
  • En période de crise, il est nécessaire de s'écarter du budget pour éviter une vague de faillites et de licenciements.
  • La facture unique du Covid-19 pourra être partiellement compensée par une dynamique favorable de la dette, mais combinée à des dérapages structurels à caractère permanent, comme ceux imputables au coût du vieillissement de la population, elle constitue une menace pour la soutenabilité de nos finances publiques.

Hier soir, le Conseil supérieur des Finances a remis au gouvernement son avis sur la trajectoire budgétaire à suivre dans les prochaines années. Car d’ici fin avril, la Belgique doit communiquer son budget pluriannuel à la Commission européenne. Un exercice qui, cette année, est tout sauf facile. En effet, comment estimer la croissance économique et l’inflation pour les années à venir? Des composantes qui ont un impact considérable sur la situation budgétaire. Par ailleurs, en période de crise, on peut ne pas se préoccuper du budget et du taux d’endettement. Tous les économistes sont d’accord à ce sujet: à l’heure actuelle, la première priorité, c’est la survie de notre économie. Toutes les dépenses temporaires qui permettent d’éviter une vague de faillites et de licenciements se justifient pleinement.

Pourtant, nous ne devons pas nous voiler la face et ignorer la facture qui nous attend après la crise. Le Conseil supérieur souligne que la position budgétaire initiale de la Belgique était déjà loin d'être florissante avant l’émergence de la crise du Covid-19. À l’époque déjà, il fallait s’attendre à des déficits de l’ordre de 3% du PIB pour les années 2020-2023 et à un taux d’endettement avoisinant 102,5% du PIB en 2023. À cela est venue s'ajouter la crise actuelle, avec un coût estimé à 5,2 milliards pour l'ensemble des mesures temporaires, et un coût encore plus élevé qui nous affectera via le fonctionnement des stabilisateurs automatiques (baisse des recettes fiscales et augmentation des dépenses d'allocations de chômage). La Banque nationale a estimé que le déficit pour cette année atteindrait au moins 7,5% du PIB, soit quelque 33 milliards d’euros. Quant au taux d’endettement, il devrait grimper à 115% du PIB.

Récemment, les économistes André Decoster et Gert Peersman indiquaient que cette facture unique pouvait être compensée sans nouveaux impôts ni économies. Mais nous n’en sommes pas si sûrs. Leur raisonnement est le suivant : une dette publique plus élevée disparaît d’elle-même, grâce au taux extrêmement bas. En effet, celui-ci est inférieur à la croissance nominale (c’est-à-dire la croissance économique plus l’inflation), ce qui fait que le taux d’endettement baisse automatiquement par rapport au PIB. Dès lors, une méthode indolore pour améliorer nos finances publiques consiste à miser sur une croissance plus forte, une inflation plus élevée et le maintien de taux d'intérêt bas. Or, cette combinaison n’est pas si évidente. En ce qui concerne les taux d'intérêt, on s'attend effectivement à ce qu'ils se maintiennent encore longtemps à un niveau très faible, grâce à la politique menée par la Banque centrale européenne. Mais une recrudescence de l'inflation aurait pour effet de faire remonter les taux, pour éviter que l'inflation ne devienne incontrôlable. Quant à la croissance nominale, ces dernières années, l’évolution était plutôt à la baisse. Il est donc peu probable qu’on puisse voir se répéter le scénario d’après-guerre, quand la dette a pu être résorbée grâce à une croissance soutenue.

La facture unique du Covid-19 en tant que telle ne constitue pas tant une menace pour la soutenabilité de nos finances publiques, étant donné qu’elle sera – espérons-le – non récurrente. Mais elle peut constituer une menace si elle est combinée à nos dérapages structurels permanents, comme le coût du vieillissement de la population. Dans les deux prochaines décennies, ces coûts augmenteront en moyenne de 0,2% du PIB par an. Notre taux d’endettement élevé reste lui aussi très préoccupant. En outre, on s’attend également à ce que les conséquences du Covid-19 influencent encore notre budget pendant plusieurs années. Se lancer trop rapidement dans un assainissement budgétaire pourrait précipiter à nouveau notre économie dans une récession.

Nous ne devons donc pas nous attendre à une taxe Covid-19 ou à de nouvelles économies dans l’immédiat. Mais ces questions seront à nouveau à l'ordre du jour à moyen terme: et cela, en tant que contribuables, nous pouvons en être sûrs.


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