La Fed mise sur une première hausse des taux en 2023

17 juin 2021

Frank Maet
Senior Macro Economist @Belfius


Véronique Goossens
Chief Economist @Belfius

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  • La Banque centrale américaine relève ses prévisions de croissance et d’inflation pour 2021 et laisse entrevoir deux tours de vis monétaires en 2023.
  • Elle maintient sa politique de taux et d’achat d’actifs inchangée en attendant la reprise complète du marché du travail.

La Réserve fédérale commencera à relever son taux directeur plus tôt que prévu. Une majorité des membres du comité des taux indiquent que les premières hausses du taux directeur sont attendues dès 2023 au lieu de 2024. La Fed a également revu à la hausse ses prévisions de croissance et d’inflation. Cette année, l’économie américaine devrait atteindre une croissance de 7 %, avec un taux d’inflation de 3,4 %.

Malgré ces prévisions élevées, la Banque centrale n’envisage pas pour l’instant d’adapter sa politique de simulation très souple. Le taux directeur se maintient entre 0,00 et 0,25 pour cent et, selon le président de la Fed, Jerome Powell, il est trop tôt pour envisager une réduction des achats obligataires. La Banque centrale poursuit donc ses achats mensuels pour un montant minimum de 120 milliards de dollars d’obligations d'État et d’autres titres, ce qui permet aux entreprises de continuer à investir à moindre frais à la suite de la crise du Covid-19.

Certains analystes estiment qu’il sera bientôt temps d’entamer le processus de tapering (la réduction des achats) vu que l'économie tourne à plein régime et que l’inflation s’accélère fortement. En mai, les prix à la consommation aux États-Unis ont grimpé de 5 pour cent par rapport à l’an dernier, soit la hausse la plus forte en 13 ans. De janvier à mars, l’inflation a surtout été induite par la hausse des prix énergétiques mais ces derniers mois, la pression sous-jacente sur les prix a également augmenté pour les biens et certains services. Les hôtels et restaurants augmentent fréquemment leur prix en réaction à la hausse très rapide de la demande et au manque de personnel. La Réserve fédérale a une nouvelle fois déclaré que la flambée de l’inflation était un phénomène transitoire lié à la reprise de l’économie. Son nouveau cadre politique lui permet d’autoriser une hausse temporaire de l’inflation après quelques années d’inflation basse.

Par ailleurs, la reprise du marché du travail américain est inférieure aux attentes. Le deuxième objectif de la banque centrale, qui vise à réaliser le taux d’emploi maximum, est loin d’être atteint. Malgré la reprise impressionnante de la croissance, l’économie américaine compte 7,5 millions d’emplois en moins qu’avant la pandémie. En 2021, 460.000 emplois ont été créés par mois en moyenne aux États-Unis, soit moins de la moitié des chiffres espérés par la FED. De nombreux américains ayant perdu leur emploi durant la crise ne sont pas retournés sur le marché de l’emploi. Parmi les facteurs qui expliquent pourquoi nombre d’Américains boudent le marché de l’emploi pour l’instant, on trouve la crainte de contracter le Covid-19, la décision de certains jeunes d’étudier une année en plus et les allocations de chômage supplémentaires. Les entreprises tentent pourtant de les attirer par tous les moyens car elles prévoient un été très chargé.


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