Les commandes massives de fin d’année ne sauvent pas l’horeca

Annelore Van Hecke
Senior Macro Economist @Belfius


Véronique Goossens
Chief Economist @Belfius

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  • Belfius analyse la baisse du chiffre d’affaires de ses clients professionnels dans l’horeca
  • Le deuxième confinement entraîne une perte de chiffre d’affaires de 57% en moyenne en novembre et décembre

Belfius surveille de près l’impact de la crise du Covid-19 à l’aide des données anonymisées des comptes de ses clients professionnels. En comparant leur chiffre d’affaires en 2020 avec celui de la même période en 2019, nous pouvons déduire dans quelle mesure les hôtels, cafés et restaurants ont été touchés par le virus et les mesures de confinement l’an dernier. Les graphiques ci-dessous illustrent cette évolution de leur chiffre d’affaires sur une base mensuelle et hebdomadaire.





C’est pendant le premier confinement, qui a commencé le 16 mars, que l’horeca a enregistré la chute la plus dramatique de son chiffre d’affaires. Au creux de la vague en avril 2020, le chiffre d’affaires de nos entreprises horeca était inférieur de 69% à celui d’avril 2019. Après la réouverture des hôtels, cafés et restaurants le 8 juin, nous avons assisté à un rebondissement des ventes, mais le rétablissement en été s’est avéré insuffisant. Vu le maintien des mesures de distanciation sociale, les limitations quant au nombre de personnes à table dans les cafés et restaurants, et le couvre-feu imposé dans la province d’Anvers, les résultats en été sont restés inférieurs de 10% à 20% au niveau normal.

Le début de la deuxième période de fermeture obligatoire le 19 octobre a entraîné un nouvel effondrement des chiffres d’affaires. Le deuxième confinement pèse moins lourdement que le premier, mais la différence est faible, avec une baisse du chiffre d’affaires de -56% en novembre et -58% en décembre par rapport à l’année précédente. Le petit sursaut que vous voyez sur le graphique pendant la période de fin d’année est dû aux nombreuses commandes à emporter pour les fêtes. Celles-ci résultaient, d’une part, d’une offre plus large de menus à emporter et, d’autre part, d’une augmentation de la demande de take-away dans les nombreuses familles qui, contraintes et forcées, ont passé Noël à la maison. Mais, comme vous le constatez dans le graphique, ces commandes n’ont pas suffi à combler la perte de chiffre d’affaires. Selon Horeca Vlaanderen, six entreprises horeca sur dix n’ont réalisé ainsi que 1 à 25% de leur chiffre d’affaires normal en cette période.

Nos chiffres confirment à nouveau que le secteur horeca est l’un des plus durement touchés par cette crise du Covid-19. Avec une valeur ajoutée de 1,9% du PIB (chiffre de 2019), la contribution de l’horeca à l’économie globale belge est plutôt limitée, mais le secteur est un employeur important et occupait en 2019 près de 160 000 travailleurs salariés et indépendants. À la suite de la crise, pas moins de 29 000 personnes pourraient perdre leur emploi d’ici fin 2021. C’est ce qui ressort de la dernière enquête de l’Economic Risk Management Group (ERMG) de la Banque Nationale. Une augmentation du chômage pèse sur l’ensemble de l’économie et freine la relance. En outre, il s’agit souvent d’emplois à bas revenu, de telle sorte que la crise frappe principalement une partie de la population qui est plus faible sur le plan financier.





Selon l’enquête ERMG réalisée en décembre, pas moins de 30% des affaires horeca estiment qu’une faillite est vraisemblable ou très vraisemblable. Cela est dû à des problèmes de liquidité et à la guerre d’usure d’un deuxième confinement sans perspectives d’avenir pour 2021. Dès lors, une réouverture rapide et durable est essentielle pour la survie de nombreuses entreprises horeca, ainsi que le maintien d’aides ciblées des autorités pour répondre aux besoins et préoccupations spécifiques de ce secteur vulnérable.




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