L’économie mondiale est prête pour la croissance, après un hiver morose


Véronique Goossens
Chief Economist @Belfius

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Tout d’abord, la bonne nouvelle. Les dernières semaines sont porteuses d’espoir avec l’efficacité des vaccins contre le Covid-19 qui seront administrés massivement l’an prochain. L’économie ne redémarrera vraiment qu’alors. Aux États-Unis, le président élu, Joe Biden, cherchera de nouveau à se rapprocher du reste du monde et cela donnera de nouvelles perspectives au commerce mondial et aux exportations de l’Union européenne. L'Europe montre qu’elle est ouverte à l’intégration d’un plan de relance innovateur où les États membres contractent ensemble de nouvelles dettes pour stimuler l’économie européenne. Et à la dernière minute, un accord commercial a été obtenu dans le cadre du Brexit. Il n’est certainement pas encore complet et les négociations sur les relations commerciales dureront encore des années. Mais une séparation douloureuse a été évitée. Enfin, les gouvernements et les banquiers centraux dans le monde entier montrent qu'ils sont disposés à puiser dans leurs deniers afin d’atténuer les conséquences du Covid-19. Le week-end dernier, le président américain sortant Trump a ratifié de justesse un plan de relance de 900 milliards de dollars.

Le verre est donc à moitié plein, bien que la situation actuelle contraste fortement avec l’impact de la pandémie, qui n’a pas encore dit son dernier mot. L’hiver sera donc encore morose dans de nombreuses parties du monde, ainsi que dans différents secteurs. Mais tout le monde n’est pas perdant.

L’an prochain, l’économie belge progressera de 3,9 pour cent. Cela semble beaucoup, mais après la débâcle économique de 8 pour cent pour cette année, la croissance est modeste. Cela est dû au fait que la pandémie et les conséquences du deuxième confinement entravent la reprise. Les entreprises vulnérables, qui avaient déjà été affaiblies par le premier confinement, ne survivront peut-être pas au deuxième confinement. Bien que les autorités belges essaient de limiter les dégâts, nous serons quand même confrontés à des faillites et à des licenciements.

Tant que la confiance n’est pas tout à fait rétablie, les entreprises reporteront les investissements et le consommateur épargnera plus que d’habitude. Des règles strictes concernant le nombre de contacts sociaux resteront encore longtemps d'application au premier semestre de 2021. Cette situation est néfaste pour l’horeca, le tourisme et le secteur artistique, culturel et récréatif qui ne pourront pas s’en sortir sans aide de l’État. Le secteur tertiaire reste donc très vulnérable.

L’industrie, qui a un bel avenir devant elle, se porte beaucoup mieux. Nos exportations profitent de la relance allemande, grâce à la croissance en Chine et dans d'autres pays asiatiques, qui ont entre-temps surmonté la pandémie. D’autre part, les entreprises exportatrices belges savent à présent finalement à quoi s’en tenir grâce à l’accord commercial avec les Britanniques.

 

La zone euro se redressera également à partir de l’été.

 

Rappelez-vous cet été, lorsque les entreprises ont rouvert leurs portes et que la peur du virus semblait reculer. La reprise économique était impressionnante. Cela témoigne d’un dynamisme que nous pouvons certes de nouveau attendre, dès que ce satané virus aura perdu de sa vigueur. D’autre part, nous avons également constaté que la pandémie n’a pas frappé partout avec la même intensité sur le continent européen et que les confinements n’étaient pas partout aussi stricts. Dans la zone euro, l’Allemagne est le meilleur élève. Au cours des mois de mars et d’avril catastrophiques, elle a connu moins d’infections que les autres pays. Les confinements plus légers de cette deuxième vague dureront certes encore quelques mois, mais l’industrie a entre-temps des ailes grâce à la reprise asiatique. Et l’Italie en profite également. Après la dégringolade du premier semestre, le pays enregistre un come-back remarquable. Il a de nouveau été sous pression en raison de la deuxième vague du Covid-19, mais les entreprises restent ouvertes. La chute du tourisme a bien entendu laissé des traces et elles ne seront pas non plus effacées en 2021. L'Espagne et la France essuient également les plâtres.

Il faudra sans doute encore des années avant que les séquelles du Covid-19 ne soient résorbées. D’autre part, cette crise apporte un nouveau dynamisme aux investissements publics, qui sont capitaux pour augmenter la productivité sur le continent européen. L’accent réside surtout sur la digitalisation et l’économie verte.

Et puis… finalement cet accord dans le cadre du Brexit. L’aspect le plus important est sans doute que les discussions commerciales pourront se poursuivre de manière constructive. L’accord commercial actuel n’est en effet pas encore prêt. Quoi qu’il en soit, il est en réalité inimaginable que la nouvelle situation à la frontière britannique – quel que soit l’accord – ait été à peine préparée. Elle est source de chaos, encore aggravé par une nouvelle variante du Covid-19 au Royaume-Uni. Les entreprises britanniques et européennes qui font commerce peuvent s’attendre à des retards et à une bureaucratie infime. Le R.-U. et l’U.E. ne sont donc certainement pas à l’abri d’ennuis économiques dus au Brexit, bien que les dégâts soient sans doute les plus gros pour les Britanniques. Ces dernières années, il est clairement apparu que les entreprises (étrangères) avaient diminué leurs investissements au R.-U. et que les exportations britanniques reculaient également à vue d'œil. Avec une baisse de plus de 10 pour cent, le Royaume-Uni fait partie des pays les plus touchés.

La grande surprise de cette année est la Chine. C’est le seul pays du G20 qui connaîtra une croissance économique et pour l’année prochaine aussi, nous tablons sur une hausse de 8 pour cent de son économie. Tandis que les économies occidentales sont encore à bout de souffle en raison de nouvelles vagues du Covid-19, la reprise industrielle impressionnante en Chine continue de gagner en puissance. En octobre, l’industrie chinoise a déjà produit 6,9 pour cent de plus que le niveau de 2019, un rythme de croissance plus musclé que la croissance moyenne des années précédentes. Au début, les consommateurs chinois adoptaient une attitude attentiste, mais entre-temps, ils ont retrouvé le chemin des magasins. Les ventes de voitures dépassent ainsi déjà le niveau de 2019. En octobre, les ventes au détail étaient en hausse de 4,4 pour cent par rapport à un an plus tôt.

Le président américain, Joe Biden, peut de nouveau faire la paix avec le monde entier. Avec la Chine, la situation reste tendue. Il poursuivra son combat, mais il cherchera des alliés, comme l’Union européenne.

Entre-temps, la troisième vague du Covid-19 inflige une sérieuse correction hivernale à l’économie américaine. Le week-end dernier, plus de 10 millions d’Américains risquaient de se retrouver sans allocations de chômage et l’appareil étatique américain frisait la fermeture parce que Donald Trump remettait en cause un nouveau plan de relance. Mais il a fini par le ratifier. Le chèque de 2.300 milliards de dollars, dont 900 milliards de dollars de mesures directes anti-Covid, doit permettre à l’économie américaine de reprendre du poil de la bête.

En 2021, le consommateur américain exigera le rôle principal dans la reprise économique. Cette année, les ménages ont constitué une réserve d’épargne considérable en raison de la chute de la confiance. Il faut y ajouter le chèque de 1.200 dollars que tous les Américains ont reçu de l’État en avril. Auquel se greffera sans doute encore un cadeau supplémentaire de 2.000 dollars. De nombreux ménages ont donc une réserve financière qu’ils pourront dépenser lorsque l’économie s’ouvrira vraiment, une fois que la pandémie sera sous contrôle grâce à un programme de vaccination massive.

Le monde semble donc prêt à connaître une belle année 2021. Les bourses d’actions l’anticipent d’ores et déjà en réalisant un impressionnant rebond de fin d’année...




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