Un rebond. Une renaissance. Certains voient dans la spectaculaire évolution de l’indice Nasdaq en 2023 le grand retour de la technologie.
Ce n’est qu’un rebond. Pas un retour.
Car la technologie n’est en réalité jamais partie.
La purge boursière de 2022
C’en est devenu un lieu commun. Chacun sait que 2022 fut l’une des pires années pour la quasi-totalité des classes d’actifs. Avec une corrélation globale rarement observée de mémoire d’investisseur.
En cause: la spectaculaire hausse des taux d’intérêt, eux-mêmes soutenus par la fin des «quantitative easing» (mégaprogrammes d’achats obligataires par les banques centrales) et la politique monétaire volontariste de la Federal Reserve américaine et la Banque Centrale américaine.
Corollaire un peu facile: les classes d’actifs les plus sensibles aux taux ont logiquement subi les plus lourdes pertes. C’est-à-dire le Bund (bon d’État allemand) dans la classe obligataire, et la technologie dans la classe actions.
Ceci s’explique mathématiquement. Et facilement. L’essentiel de la valeur des sociétés technologiques se trouve dans leur futur. Parfois un futur lointain
Il s’agit du même raisonnement que pour calculer la capitalisation des intérêts au fil du temps, mais dans le sens inverse. Pour se projeter dans le futur, on multiplie. Pour calculer la valeur actuelle du futur, on divise. Par les taux d’intérêts, puissance le nombre d’années. Plus le nombre d’années est important, plus un mouvement de taux a un impact sur le résultat du calcul. Les promesses de la technologie étant les plus «futuristes», celle-ci est donc la plus sensible.
Des plans sociaux et des sorties médiatiques
Les annonces secouent les acteurs du secteur ces derniers mois.1
Presque tous les géants du Net et de la technologie ont annoncé des réductions d’effectifs dépassant souvent les 10.000 collaborateurs. Meta/Facebook et Amazon avaient lancé le mouvement et ont été rejoints plus récemment par Microsoft et Alphabet/Google.2
Ces annonces peuvent être lues à travers deux prismes. Le premier, négatif, consiste à considérer que de telles décisions proviennent d’une nette dégradation du secteur, ne laissant d’autre choix aux dirigeants que de couper les coûts. Le second consiste à analyser les recrutements et licenciements sur un horizon plus large, remontant au début de la pandémie. Le lock down mondial et les nouvelles habitudes qu’il a provoquées ont créé des besoins gigantesques en équipements et ressources technologiques. Mais si le niveau structurel long terme de la demande de ces équipements a effectivement augmenté, le boom de 2021 et 2022 ne pouvait être que temporaire. Les GAFAM ont donc simplement adapté leurs ressources à la courbe de la demande.