Retour sur les derniers mois avec Geoffroy Goenen, responsable de la gestion des fonds d’actions européens chez Candriam.

Geoffroy, l’année 2022 n’a pas été très bonne pour les marchés européens.


La correction des marchés a eu pour source principale la forte hausse des taux à long terme aux US et en Europe, ce qui a impacté les valorisations des entreprises et en premier lieu celles dites de Qualité/Croissance1. Les sociétés dites «value2» ont ainsi surperformé.


Même si nous enregistrons un rebond plutôt significatif depuis octobre, les marchés d’actions européens enregistrent une correction sur l’année 2022 (-9,5%). Mais soulignons que les actions européennes ont terminé l'année en surperformance relative par rapport aux États-Unis (-13,4%) et aux pays émergents (-15,1%)3. L’année n’en demeura pas moins une source d’inquiétude pour les investisseurs qui s’interrogent à présent sur le programme pour 2023.


Le rôle des banques centrales sera crucial dans les mois qui viennent.


Nous pensons que les taux de base devraient atteindre un pic au premier semestre et rester à ce même niveau probablement jusqu’à la fin de l’année. Nous constatons également que leurs diverses initiatives ont bel et bien alimenté la décélération économique. Aux États-Unis, nous observons déjà une dégradation significative du cycle économique, avec d’un côté une forte baisse de l’immobilier résidentiel, et d’un autre côté un impact potentiel sur les emplois au sein des PME sous la pression de niveaux de financement trop élevés. Nous devrions alors observer une accélération du chômage aux États-Unis au cours des prochains trimestres. Cela devrait peut-être mener à une récession plus marquée et plus persistante qu’attendue. Inévitablement, l’Europe sera impactée a posteriori par cette importante décélération de l’économie américaine.


Pourtant, ces derniers mois sont bien mieux orientés. Quelles en sont les raisons principales?


Nous pensons que le pic d’inflation est majoritairement derrière nous, en tout cas aux États-Unis où nous constatons déjà certaines baisses. L’Europe semble déjà suivre la même trajectoire. Nous devrions ainsi observer une accélération de cette baisse de l’inflation des deux côtés de l’Atlantique dans l’année à venir (2023/2024).


Un autre élément soutenant est la réouverture progressive de la Chine. Cela pourrait, à très court terme, soutenir certaines valeurs cycliques de consommation et industrielles fortement exposées à la Chine. Toutefois, ceci n’enlève en rien les problèmes de crise immobilière et d’endettement majeur, auxquels la Chine devra continuer à faire face dans les prochaines années et qui auront un impact certain sur son potentiel de croissance.

De bon augure pour la suite?


Même si les derniers résultats des entreprises européennes ont majoritairement surpris à la hausse par rapport aux attentes, nous ne sous-estimons pas les risques sur les revenus. Certaines entreprises vont naturellement décélérer en termes de bénéfices, d’autres vont résister, et les grandes gagnantes seront celles qui réussiront à bénéficier des niches en accélération.


S’orienter vers les entreprises de qualité4(bilan et rentabilité solides, forte création de valeur avec la génération de free cash-flow, stabilité des revenus) apparaît comme une stratégie intéressante pour éviter les déceptions bénéficiaires liées au ralentissement économique. Nous favorisons ainsi les valeurs défensives, qu’elles aient un rayonnement international ou domestique.


En termes de secteurs, la consommation de base par ex. l’alimentation et la boisson et les équipements de santé devraient, selon nous, répondre à ce cahier des charges. Une sélection rigoureuse des valeurs demeure néanmoins primordiale pour déceler celles qui seront capables de surprendre positivement le marché.


De plus, les entreprises dotées d’un haut degré d’innovation devraient pouvoir rencontrer ce besoin de visibilité et de croissance structurelle en creusant l’écart par rapport à leur concurrence. Un grand nombre de ces entreprises sont exposées à des niches, notamment dans les secteurs de la transition énergétique, les nouvelles technologies de la santé, la digitalisation ou encore l'automatisation de l'économie – secteurs que nous privilégions dans notre stratégie qui investit dans les valeurs innovantes.



1 Les actions de Croissance, caractérisées par une croissance des bénéfices plus élevée, se vendent généralement à des valorisations plus élevées.

2 Les actions de valeur ou Value sont souvent des actions qui sont sous-évaluées sur la base de l’analyse fondamentale (rapport cours/bénéfice et cours/valeur comptable bas). Il s’agit généralement d’entreprises implantées dans un marché mature avec une croissance bénéficiaire stable.

3 Source: Refinitiv - Performance du Stoxx 600, S&P 500 et MSCI Emerging (converti en euro). Attention: les rendements passés d'un indice financier ne sont pas des indicateurs fiables des rendements futurs.

4 Bilan et rentabilité solides, forte création de valeur, stabilité des revenus.



Ce document, rédigé et publié par Belfius Banque, donne la vision de Candriam sur les marchés financiers. Il ne comporte pas de conseil d'investissement personnel, de recommandation d’investissement ou de recherche indépendante en investissements. N’hésitez pas à contacter votre conseiller financier pour obtenir un conseil d'investissement personnel. Il se fera un plaisir de discuter avec vous des conséquences possibles de cette vision pour votre portefeuille d’investissement personnel. Les chiffres mentionnés reflètent une situation à un moment déterminé et sont susceptibles de changer.