Depuis l'an dernier, la vie est devenue nettement plus chère. L’augmentation de la demande en marchandises pendant la période du covid et les fermetures temporaires d’usines ou de ports ont entraîné des pénuries, et donc une hausse des prix. En raison de la guerre en Ukraine, les prix continuent à grimper. Non seulement le pétrole et le gaz deviennent plus chers, mais les céréales, le maïs et les métaux industriels également. Comment protéger votre patrimoine contre cette érosion monétaire? Une bonne diversification de votre portefeuille d'investissements peut être une solution.
L’inflation va-t-elle rester élevée?
Pendant des années, la Banque centrale européenne n’est pas parvenue à atteindre son objectif d’inflation de 2%. La globalisation accrue – avec la Chine et d'autres pays asiatiques jouant le rôle d’usine du monde – et toujours plus d’automatisation freinaient les hausses de prix. L’inflation moyenne dans la zone euro s'est élevée à 1,65% entre 1998 et fin 2021. L’an dernier, elle a atteint 4%1 et va probablement encore continuer à augmenter, même si d’ici la fin de l'année, elle va peut-être à nouveau diminuer. La hausse considérable du coût de l’énergie va progressivement disparaître du calcul de l’inflation. C’est ce que l’on appelle l’effet de base: la comparaison se fait toujours avec les prix de l’année précédente. Il est peu vraisemblable que les prix de l'énergie continuent à grimper à la même cadence.
Nous remarquons cependant que l’inflation sera structurellement plus élevée ces prochaines années que durant les années 2000 à 2020. Cela s’explique par trois tendances:
-
1. Déglobalisation: la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine ainsi que la pandémie du covid soulignent déjà la vulnérabilité du système économique international. Bon nombre d’entreprises veulent devenir moins tributaires de l’approvisionnement d’Asie et cherchent des fournisseurs locaux. On veut par exemple produire davantage de puces informatiques en Europe. C’est une bonne idée, mais les salaires chez nous sont plus élevés qu’en Chine, ce qui entraînera une hausse du prix des produits.
-
2. Démographie: le vieillissement pourrait également faire grimper l’inflation à l’avenir, car la baisse de la population active entraîne une pénurie de main-d'œuvre. Or, les pensionnés continuent à consommer.
-
3. Décarbonisation: la transition énergétique requerra dans un premier temps énormément d’investissements.
Des portefeuilles bien diversifiés
Ces 5 à 10 prochaines années, les prévisions d’inflation pour la zone euro oscillent entre 2,3 et 2,6%. Soit quand même presque 1% de plus que l’inflation moyenne des deux dernières décennies. Il est donc avisé de penser en termes réels ou en termes de pouvoir d'achat. Tout qui achète aujourd’hui des obligations à rendement fixe verra peut-être son pouvoir d'achat s'affaiblir. Le taux belge à 10 ans s'établit à 1,25%, ce qui reste largement insuffisant pour compenser l’inflation à venir. Des placements structurés assortis d’une protection partielle du capital peuvent être une solution pour la partie défensive du portefeuille d’investissements. Le rendement futur dépend en effet de l'évolution d'un indice boursier. Même si les actions peuvent fluctuer sensiblement à court terme, elles peuvent, à long terme (minimum 7 à 10 ans) offrir une meilleure protection contre l'érosion monétaire. Surtout les actions d’entreprises très compétitives, car elles peuvent plus facilement répercuter des hausses de prix sur leurs clients et protéger leurs marges. Ces entreprises présentent souvent les mêmes caractéristiques: dotées d’un management compétent, elles appartiennent à un secteur en expansion, sont plus innovantes que la moyenne (ce qui leur permet de préserver leur avantage concurrentiel) et offrent des solutions à des besoins réels. Leurs dividendes augmentent généralement d'année en année, ce qui les empêche d’être dilués, contrairement à des revenus fixes (par ex: un coupon fixe d’une obligation). Il s'agit souvent d’entreprises qui apportent des solutions bien réfléchies à des défis sociétaux.
D'autres classes d'actifs, que les analystes évoquent comme protections possibles contre l’inflation, sont l’or, l’immobilier et l’infrastructure. Les avis sur l’or sont partagés. L’or constitue plutôt une assurance contre des événements extrêmes sur les marchés financiers. Il ne rapporte ni coupon, ni dividende. L’immobilier résiste généralement bien à l’inflation, parce que les loyers sont, dans la plupart des cas, indexés. Quant à l’infrastructure, enfin, vous en saurez plus en lisant le document suivant.
La quantité d'actions que l’on peut inclure dans un portefeuille dépend du profil et de l’horizon d’investissement. Si un investisseur envisage de revoir à la hausse son profil de risque, il serait intéressant de le prévoir avec un meilleur échelonnement. Les incertitudes demeurent élevées, et les marchés d'actions peuvent encore fluctuer fortement. Personne ne connaît le moment idéal pour acheter, mais l’avenir nous en dira progressivement plus sur les conséquences de l’inflation élevée sur l’économie. Espérons aussi que le conflit en Ukraine se termine, par la voie diplomatique.
1 Vous pouvez consulter les chiffres macroéconomiques cités sur www.tradingeconomics.com. L’inflation moyenne a été calculée entre mars 2021 et mars 2022. En mars 2022, l’inflation dans la zone euro s’élevait à 7,5%.
Ce document, rédigé et publié par Belfius Banque, donne la vision de Belfius Banque sur les marchés financiers. Il ne contient pas de conseil en investissement personnalisé, pas de recommandation d’investissement, ni de recherche indépendante en matière d’investissement. Si vous êtes à la recherche de conseils en investissement personnalisés, vous pouvez vous adresser à votre conseiller financier qui se fera un plaisir d’examiner avec vous les effets éventuels de cette vision sur votre portefeuille d’investissements personnel. Les chiffres mentionnés sont des instantanés et sont susceptibles d’évoluer.