La presse financière parle actuellement de courbe de taux inversée aux États-Unis. Autrement dit, le taux à 10 ans américain est inférieur à celui à 2 ans. Dans le passé, ce phénomène a parfois été le signe avant-coureur d’une récession (= deux trimestres consécutifs de croissance négative). Les personnes qui croient en une récession prochaine pointent du doigt les conséquences négatives du conflit commercial qui poussent les investisseurs à se tourner vers les obligations, ce qui entraîne les taux un peu plus vers le bas. Celles qui ne croient pas à la récession, les «non-believers», attribuent quant à elles la baisse des taux aux achats d’obligations en dollar par les investisseurs internationaux en raison de leur taux attrayant par rapport à l’euro et au yen. Le verre est-il à moitié vide ou à moitié plein? Selon nous, il s’agit de la deuxième option. Pourquoi?


L'économie américaine


L’industrie est en difficulté. La forte baisse de l'indice Markit Purchasing Managers Index (PMI), qui mesure la confiance des responsables des achats, en est la meilleure preuve. Le conflit commercial commence à pénaliser les entreprises. Certains indicateurs, loin d’avoir atteint le niveau de récession, annoncent toutefois un rebond car ces dernières s’adaptent en permanence (elles achètent au Vietnam, par exemple, plutôt qu’en Chine).


Le bureau d’étude indépendant Alpinemacro estime le risque de récession à seulement 15% sur la base d’indicateurs pertinents tels que l’emploi, les salaires, le taux d’utilisation des capacités des usines, les plans d’investissement… Qui plus est, il n’est certainement pas le seul bureau à proposer cette analyse. Nous n’envisageons dès lors pas de contagion au secteur des services comme évoquée par certains analystes.


La consommation dans ce secteur se défend bien. Le nombre de chômeurs est très bas et la hausse des salaires dépasse celle des prix des commerces, ce qui confère au consommateur un plus grand pouvoir d’achat effectif. En juillet, les ventes au détail ont ainsi grimpé de 0,7%, soit le niveau le plus élevé en 4 mois.


Enfin, le récent accord budgétaire crée une marge supplémentaire pour le budget et la croissance américaine. La faiblesse des taux soutient également l’économie. Le secteur de la construction a le vent en poupe, les consommateurs paient moins pour l’achat de leur nouvelle voiture à crédit…


Les entreprises américaines subissent, chacune dans leur propre domaine, les avantages et les inconvénients du conflit commercial et d’une consommation vigoureuse. Les entreprises nationales qui vivent de cette consommation locale, telles que Target (grande distribution) et Lowe (magasins de bricolage) résistent bien. Les sociétés tournées vers l’exportation, par contre, sont doublement pénalisées: la monnaie américaine reste parmi les plus chères au monde et leurs débouchés souffrent de la guerre commerciale. Pour autant, leurs bénéfices dépassent légèrement les estimations initiales.


Nous privilégions les fonds qui investissent dans les entreprises défensives telles que celles du secteur des soins de santé ou les fonds gérés en fonction de facteurs quantitatifs. Après les augmentations récentes de la pondération des entreprises américaines à environ 30% du volet actions, nous renforçons encore le poids de ces valeurs ce mois-ci, leur exposition au sein du portefeuille atteignant un peu moins de 35%.