1er juillet 2022


Philippe Evrard
Investment Strategy @Belfius

Il semble que l'investissement ESG (pour environnement – social – gouvernance) soit dans l'œil du cyclone. Les résultats des investissements sont décevants cette année. Certains parlent de greenwashing, d'astuces marketing et accusent les banques de manquer de transparence. Mais est-ce vrai?

Temps durs pour l’ESG


Il est vrai que depuis le début de l’année, alors que les indices mondiaux naviguent en territoire négatif, les indices durables font encore moins bien. Par exemple, le MSCI AC World1 enregistre une contre-performance de -6.83% et son pendant «Sustainable» -9.86%.


Ensuite, en Allemagne, des enquêtes judiciaires ont été lancées contre des gestionnaires d’actifs accusés de faire du greenwashing et donc de tromper délibérément leurs clients sur le côté «vertueux» des produits commercialisés.


Et pour finir, quelques sorties dans les médias ont posé publiquement la question du sens de l’ESG dans les investissements. Ainsi, Aswath Damodaran, professeur de finance à la New York University, cité dans L’Echo/De Tijd du 11 juin dernier, n’y va pas par quatre chemins : «Le monde de l’ESG ne sait pas de quoi il parle», «l’investissement durable est en train de devenir toxique». Nous y reviendrons.


Les temps seraient-ils durs pour l’ESG? Pour combien de temps?


La réalité des marchés...


Quelle classe d’actifs surpasse les autres depuis le début de l’année 2022? Le pétrole.


Il y a deux ans, au plus fort de la pandémie, l’économie mondiale était en mode pause, ce qui a fait chuter le cours du Brent (même en territoire négatif!). Depuis lors, avec la réouverture progressive des économies et le conflit en Ukraine augmentant le risque de pénurie, le cours du baril a explosé: + 70% depuis le début de l’année. Avoir ce type d’actifs dans un portefeuille permet donc de générer un rendement potentiellement attractif, d’un point de vue purement financier.


Les autres classes d’actifs sont en effet bien moins florissantes. Entre hausses des taux d’intérêt, inflation élevée, perspectives dans le brouillard, les marchés des actions et des obligations sont dans le rouge vif. Que faire alors?


Chez Belfius, nous visons ce qui fait du sens, dans la durée


Rien que notre slogan le dit: «Meaningful and inspiring for the Belgian society. Together». Nous croyons fermement dans le potentiel d’entreprises qui intègrent des principes ESG. Nous sommes convaincus que ces entreprises vont bénéficier de ces choix de durabilité sur le long terme, en tant qu’avantage compétitif mais également en termes de résilience (càd la capacité à traverser les tempêtes, et les régulations, toujours plus sévères).


Notre processus de sélection d’actifs est très rigoureux et transparent. Vous trouverez toutes ces informations en cliquant sur ce lien. Notre gamme de produits d’investissements durables2 prend une place de plus en plus importante dans notre offre globale. La responsabilité fait donc partie inhérente de nos convictions, et ce n’est pas sans raison. En effet, qui peut nier le volontarisme des autorités, qu’elles soient américaines, européennes, chinoises, en termes de transition énergétique? Qui peut exclure le risque que les énergies fossiles soient de plus en plus pénalisées ou taxées dans les économies les plus avancées?


Plus le pétrole sera cher, plus les alternatives seront compétitives, et plus le business model lui-même du pétrole sera mis à mal. Nous avons pu l’observer au cours des vingt ou trente dernières années: lorsque le pétrole devenait trop cher, les principaux producteurs augmentaient la production pour revenir dans une zone tenable pour leurs clients. Le pire qui puisse leur arriver étant que ces clients leur tournent le dos.


En conclusion


Se méfier des effets d’optique à court terme. Si de plus en plus de stratèges en investissement intègrent la durabilité dans leurs critères, ce n’est pas innocent. Croire que le pétrole fasse partie des méga-tendances les plus porteuses pour le futur relève au mieux de la naïveté, au pire du déni.


La spéculation à court terme ne nous intéresse pas. Le contexte géo-politique (la guerre en Ukraine) et macro-économique a certes exacerbé notre dépendance au pétrole, entre autres russe, mais il a en même temps réveillé les autorités sur l’urgence de s’en défaire. Ceux qui se souviennent de 2014 ou même de 2020 vous le diront: le pétrole peut aussi perdre la moitié de sa valeur en quelques mois. Il suffit que la demande baisse. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que cette diminution figure en haut de l’agenda de l’Union Européenne.


Il va de notre responsabilité de construire des portefeuilles correspondant au profil de risque de nos clients. La volatilité ambiante des marchés ne nous a pas fait changer d’avis. Au contraire.


Conséquences pour le portefeuille


Que faire alors? Sortir du marché alors que les cours sont bas n’est vraiment pas à conseiller. Il reste donc deux possibilités: soit faire le gros dos avec son portefeuille en attendant que les orages passent… soit investir, dans des solutions réellement d’avenir, pour profiter des niveaux de valorisation actuels qui offrent de bons points d’entrée. Mais est-ce le bon moment? Votre horizon de placement, votre appétit au risque, votre ouverture à la diversification et votre sensibilité à l’ESG sont essentiels dans ces cas-là.


Vous souhaitez en savoir plus? Faire part de votre ressenti? Si votre conseiller en placement n’a pas déjà pris les devants, n’hésitez pas à l’appeler pour convenir d’un rendez-vous. Ce sera l’occasion de passer votre portefeuille et votre profil d’investisseur en revue.


1 Source : reuters-refinitiv
2 Au sens de la directive SFDR (Sustainable Finance Disclosure Regulation) – Fonds article 9



Ce document, rédigé et publié par Belfius Banque, donne la vision de Belfius Banque sur les marchés financiers. Il ne contient pas de conseil en investissement personnalisé, pas de recommandation d’investissement, ni de recherche indépendante en matière d’investissement. Si vous êtes à la recherche de conseils en investissement personnalisés, vous pouvez vous adresser à votre conseiller financier qui se fera un plaisir d’examiner avec vous les effets éventuels de cette vision sur votre portefeuille d’investissements personnel. Les chiffres mentionnés sont des instantanés et sont susceptibles d’évoluer.