Frank Maet
Senior Macro Economist @Belfius
10 octobre 2025
Frank Maet
Senior Macro Economist @Belfius
Comment se porte l’économie mondiale, six mois après l’imposition de droits de douane par Trump? Il va de soi que le commerce a été fortement ébranlé et a enregistré de sérieuses fluctuations cette année. Afin d'anticiper les taxes élevées à l'importation, les exportateurs du monde entier ont initialement exporté d’énormes quantités de marchandises aux USA. Le commerce mondial a ensuite rechuté mais la correction s’est avérée limitée. Le commerce mondial a même enregistré une légère reprise pendant l’été. Jusqu’à présent, l’économie mondiale a mieux supporté le choc des droits de douane que ce que l’on craignait. Il semble que la politique du président Trump en matière de droits à l’importation devient peu à peu la «nouvelle normalité», avec laquelle le reste du monde apprend à vivre.
L'économie américaine résiste également mieux que prévu. Au cours du premier semestre, les consommateurs américains ont poursuivi leurs dépenses à un rythme soutenu, mais la croissance économique était principalement portée par une augmentation des investissements des entreprises. En raison du boom de l’IA, les géants américains de la technologie ont déjà consacré cette année des milliards de dollars aux data centers et au matériel informatique. Cependant, en dehors du secteur IT, les investissements restent plutôt faibles car les chefs d’entreprises sont prudents au vu de la politique économique imprévisible de la Maison Blanche. De ce fait, les entreprises prévoient moins d’engagements de personnel dans la période à venir. Après l’été, cela va peser davantage sur les dépenses des ménages, qui sont également préoccupés par l’inflation aux USA. Depuis le mois d'avril, celle-ci est passée de 2,3 pour cent à 2,9 pour cent en août, et elle va encore grimper ces prochains trimestres. Jusqu’à présent, l’impact inflatoire des droits de douane était resté limité parce que beaucoup d’entreprises n’avaient pas encore répercuté la hausse des coûts sur les consommateurs. Belfius Strategic Research s’attend à ce qu’elles le fassent prochainement, ce qui aggravera l’inflation des prix à la consommation.
À court terme, l'impasse politique à Washington suscite aussi des inquiétudes. Depuis le 1er octobre, les services publics américains sont temporairement fermés, après l'impossibilité pour le Congrès d'arriver à un accord sur le budget de l’an prochain. Les services essentiels restent cependant ouverts mais, en raison du «shutdown», environ 750.000 fonctionnaires sont provisoirement inactifs. De précédents shutdowns montrent que l’impact économique est limité à terme. S’il existe un effet négatif sur la croissance au cours du mois où les services publics sont fermés, cette perte est généralement rattrapée au cours des mois suivants. Mais le shutdown préoccupe quand même les marchés financiers à court terme car la publication d'importantes données économiques, telles que les chiffres du chômage, va être reportée. De ce fait, le comité des taux de la banque centrale américaine ne disposera pas des chiffres à temps à la fin de ce mois. La Fed pilote donc en partie à l’aveugle mais Belfius Strategic Research s’attend tout de même à une baisse de taux de 0,25 pour cent lors de sa prochaine réunion. Le procès-verbal de la dernière réunion sur les taux montre que la Fed craint un refroidissement du marché du travail. Le ralentissement de la croissance de l’emploi est actuellement un argument stratégique plus lourd pour la Fed que la hausse de l’inflation.
Par contre, la tâche de la BCE semble un peu plus aisée: la croissance économique est modeste mais positive et l’inflation dans la zone euro s'approche de l’objectif de 2 pour cent. Les enquêtes menées auprès des entreprises suggèrent qu'au troisième trimestre, l’économie a de nouveau enregistré une croissance lente et que la pression sur les prix des entreprises s’est atténuée. Le sentiment économique reste toutefois mitigé, surtout dans les plus grands pays de la zone euro. Après une croissance appréciable plus tôt cette année, les dépenses des ménages ont perdu du momentum. L'inflation des prix à la consommation est passée de 1,9 pour cent en mai à 2,2 pour cent en septembre. Mais cette tendance ne va pas se poursuivre ces prochains mois. Les récentes données plus élevées de l’inflation résultent d’effets de base temporaires pour les prix de l’énergie. Ces effets de base devraient se réduire ces prochains mois, ce qui aura une influence favorable sur les chiffres de l'inflation au sens large dans la zone euro. Dans ce contexte économique, il n’y a pas de raison d'adapter le taux directeur, que ce soit à la hausse ou à la baisse. Belfius Strategic Research s'attend dès lors à ce que le taux de dépôt de la BCE se maintienne à 2 pour cent pour un certain temps. Les perspectives planes pour le taux à court terme contrastent avec la récente volatilité des taux à long terme sur les marchés obligataires européens. Cela s’explique par la crise politique en France. Après la démission du Premier Ministre Lecornu, la France est loin de sortir de son impasse budgétaire. L'incertitude politique entraîne une augmentation des taux obligataires français et des différences de taux avec la référence sur les marchés obligataires européens, le taux allemand.
Sources
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