Les prix de l’alimentation ne sont pas près de baisser

28 avril 2022

Frank Maet
Senior Macro Economist @Belfius


Véronique Goossens
Chief Economist @Belfius

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  • Depuis que la guerre a éclaté en Ukraine, les prix de l’alimentation ont flambé.
  • Une grande partie de la chaîne alimentaire est confrontée à une hausse effrénée des coûts.
  • L'inflation galopante de l’alimentation pourrait encore durer un certain temps.

Combien va coûter notre tartine de choco ? Toute une série de produits alimentaires deviennent de plus en plus chers en raison de la guerre en Ukraine et de la hausse spectaculaire des prix de l'énergie. En Belgique et dans la zone euro, l'inflation de l’alimentation a, de ce fait, déjà atteint respectivement 5,7 et 5,0 pour cent en mars.

Cela a commencé par les factures salées pour l'énergie et, à présent, c’est le prix de bon nombre de denrées alimentaires, comme le blé, le maïs et les huiles végétales, qui grimpe fortement. Depuis le début de cette année, le blé est devenu 69 pour cent plus cher et le maïs, 35 pour cent. La région de l’Ukraine-Russie est connue comme l’un des plus grands « greniers » du monde. Les deux pays représentent environ 30 et 20 pour cent des exportations mondiales de blé et de maïs. De plus, l’Ukraine est un grand exportateur d'huile de tournesol et d’engrais.

Il en résulte qu’une grande partie de la chaîne alimentaire – de la ferme à l'assiette - est confrontée à une forte hausse des coûts. Dans la zone euro, le secteur agricole et horticole se heurtait déjà à des factures d'énergie élevées pour le chauffage et le transport. À cela s'ajoutent la flambée des prix des engrais et des aliments pour bétail. Les coûts opérationnels liés au traitement des denrées alimentaires augmentent aussi rapidement. La congélation des produits et leur transport jusqu'aux acheteurs sont devenus beaucoup plus coûteux vu la hausse des prix du carburant. Les prix des céréales sont 47 pour cent plus chers qu’il y a un an et bon nombre de producteurs sont confrontés à une pénurie de matières premières, comme l’huile de tournesol. Les réserves sont épuisées, ce qui signifie que les rayons d'huile de friture vont rester vides longtemps dans les supermarchés. Dans la mesure des possibilités, les producteurs cherchent des alternatives, telles que l’huile de soja et de colza. Mais les réserves de ces denrées sont aussi au plus bas après les mauvaises récoltes en Argentine, au Brésil et au Canada en raison de la sécheresse.

L'inflation galopante de l’alimentation ne se limite pas aux produits directement impactés par la guerre en Ukraine. Récemment, le gouvernement indonésien a annoncé l'arrêt des exportations d'huile de palme, une matière première utilisée dans toute une série de produits, de la margarine au choco, en passant par le rouge à lèvres et le shampoing. L’Indonésie représente la moitié de l'offre mondiale d'huile de palme. Cette mesure a été prise après les protestations de la population indonésienne contre les pénuries et les prix excessifs des denrées alimentaires primaires, dont l’huile de friture. De grands consommateurs d’huile de palme, comme Unilever et Nestlé, ont déjà annoncé qu’ils répercuteraient les hausses de prix.

Les experts s’attendent à ce que la hausse des prix de l’alimentation sur les marchés internationaux ne soit pas encore terminée. De plus en plus de pays émergents qui approvisionnent le monde en céréales augmentent les prix des exportations ou cessent complètement d’exporter. Aucune amélioration n’est encore en vue en Ukraine non plus. D'abord, ce sont les prix de l'énergie qui ont augmenté et, maintenant, ce sont ceux de l’alimentation. Un spectre de l’inflation n’a pas encore fini de rôder que l'autre fait déjà son apparition.



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