Biden veut injecter un montant record dans l’économie

01 juin 2021

Frank Maet
Senior Macro Economist @Belfius


Véronique Goossens
Chief Economist @Belfius

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  • Le président Biden dévoile ses plans budgétaires ambitieux assortis d’un montant record de dépenses.
  • Le budget proposé fera exploser la dette publique au cours de la prochaine décennie.
  • D’aucuns craignent que la manne de dollars ne fasse surchauffer l’économie américaine.

Le président américain, Joe Biden, déploie les plans budgétaires les plus ambitieux depuis la Seconde Guerre mondiale. Il veut dépenser un montant de 6.000 milliards de dollars au cours de l’exercice fiscal 2022 qui commence en octobre, ce qui représente près d’un tiers du PIB annuel. La proposition budgétaire reprend deux plans de redressement annoncés précédemment, qui seront étalés sur les 8 à 10 prochaines années. Le premier prévoit 1.700 milliards de dollars d’investissement visant à moderniser l’infrastructure désuète aux États-Unis et à permettre la transition énergétique. Le second s’élève à 1.800 milliards de dollars et servira à élargir le système social et à renforcer les soins de santé, l’enseignement et la lutte contre la pauvreté.

La Maison-Blanche a l’intention de compenser les dépenses par une hausse des impôts pour les sociétés et les revenus les plus élevés. Les Américains dont le revenu annuel ne dépasse pas 400.000 dollars ne sont pas concernés. Néanmoins, les recettes ne seront pas suffisantes au cours des dix prochaines années pour combler les dépenses projetées, de sorte que la dette publique américaine augmentera rapidement. La dette publique totale passera de 109,7 pour cent du PIB en 2021 à 117 pour cent en 2031 pour ne diminuer ensuite que progressivement. La Ministre des Finances, Janet Yellen, souligne qu’il est fiscalement sensé d’investir maintenant et de ne réduire les déficits qu’ultérieurement. L’économie américaine se remet d’une grave récession et le coût du crédit pour les pouvoirs publics est historiquement bas. La charge d’intérêt réelle visant à financer la dette fédérale est actuellement négative parce que le taux à long terme de 1,6 pour cent sur les obligations d’État est inférieur à l’inflation.

Graphique: Évolution des dépenses publiques et du déficit budgétaire (en billions de dollars)



Les marchés financiers ont réagi de manière modérément positive aux plans budgétaires. Les investissements annoncés soutiennent en effet les perspectives de croissance et ont le potentiel d’accroître la productivité de l’économie américaine à plus long terme. Mais les critiques ne manquent pas non plus. L’économiste influent, Lawrence Summers, craint une surchauffe si tous ces milliards sont injectés dans l’économie. Dans ce scénario, l’inflation peut augmenter pour une plus longue durée, ce qui ferait pression sur la Banque centrale à Washington pour qu’elle augmente les taux plus tôt que prévu. Ce qui entraînerait une nouvelle récession. Les prévisions budgétaires ne reposent pas sur cela. Elles se basent sur une inflation moyenne de 2 pour cent au cours des prochaines années, dans la ligne des prévisions de la Banque centrale américaine. La récente flambée des chiffres de l’inflation (à 4,2 pour cent en avril) est due, selon la Banque centrale, à la reprise de l’économie et est passagère.

La présentation du budget par le gouvernement est le début de longues négociations avec le Congrès, qui doit approuver le budget fédéral avant la fin septembre. Le président peut se préparer à une opposition farouche des Républicains. Ils sont traditionnellement contre une hausse des dépenses publiques et des impôts. Mais maintenant que les Démocrates ont tout juste le contrôle à la Chambre et au Sénat, Biden a, selon des analystes politiques, de meilleures chances que les présidents démocrates précédents de faire approuver une grande partie de son agenda.


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