Les chances de reprise augmentent, selon le FMI

Frank Maet
Senior Macro Economist @Belfius


Véronique Goossens
Chief Economist @Belfius

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  • Le FMI revoit à la hausse ses prévisions de croissance de l’économie mondiale.
  • La Chine et les USA sont dans le peloton de tête de la reprise économique.
  • Ces prochaines années, un soutien fiscal restera nécessaire pour réparer les dégâts du Covid-19.

Selon le FMI, l’économie mondiale se remet de la pandémie de Covid-19 plus vite que prévu. Le Fonds Monétaire International revoit à la hausse ses prévisions de croissance économique en 2021 à 6 pour cent, après une croissance négative de 3,3 pour cent l’an dernier. En comparaison avec la crise financière mondiale de 2008, la récession due au Covid-19 a frappé trois fois plus fort la production mondiale en deux fois moins de temps. Et cela aurait pu être pire. Le FMI estime que, sans le soutien massif des autorités et des banques centrales, la crise économique aurait pu être trois fois plus grave. Le soutien des pouvoirs publics joue également un rôle clé dans la relance à laquelle aspire le FMI ces prochaines années. Les mesures de stimulation fiscale aux USA ainsi que l’introduction des vaccins dans le monde entier laissent entrevoir une issue à la crise.

Mais les différences sont considérables d'un pays à l’autre. Parmi les pays émergents, la Chine est manifestement en tête de peloton pour la relance. Dès la fin de l’an dernier, la grande puissance asiatique avait réussi à réparer les dégâts économiques provoqués par le Covid-19 et elle se dirige tout droit vers une croissance de 8,4 pour cent en 2021. Mais dans d'autres pays émergents, il est possible que la reprise prenne plus de temps car ils doivent attendre les vaccins et leurs pouvoirs publics ne peuvent pas se permettre d'adopter des mesures de soutien massif. De plus, les économies émergentes dépendent souvent fortement des revenus du tourisme, secteur qui a beaucoup souffert.

Parmi les pays occidentaux, c’est l'économie américaine qui fait le comeback le plus impressionnant. Le bon déroulement des vaccinations et les mesures de soutien du président Biden mettent les USA sur la bonne voie pour atteindre, dans le courant de cette année, son niveau de PIB d'avant la crise. Pour la zone euro, le FMI est beaucoup moins optimiste. Tout le monde sait que les campagnes de vaccinations européennes ne sont pas aussi rapides qu'au R-U et aux USA. De ce fait, la réouverture de l’économie dans la zone euro se fera attendre plus longtemps. Les plans de relance sont également moins efficaces qu’aux USA et les 27 pays de l’UE n'ont pas encore tous donné le feu vert pour la répartition du fonds Next Generation EU de 750 milliards d’euros. Le programme de soutien risque de prendre du retard supplémentaire parce que la cour constitutionnelle allemande veut d'abord se prononcer concernant les objections de ses opposants.

Interest Expense and Government Debt, 2007–21
(Percent of GDP; debt-to-GDP, left scale; interest expense, right scale)



Outre les prévisions économiques, le FMI a également publié son analyse semestrielle des finances publiques. Dans son Fiscal Monitor, le fonds monétaire souligne une fois de plus le rôle vital des dépenses publiques pour répondre à la pandémie. La crise du Covid-19 a démontré l’importance d’un bon système social pour apporter un soutien temporaire aux ménages et entreprises en difficulté. Les dettes publiques ont augmenté mais il n’est pas encore question de renforcer la politique fiscale tant que la pandémie n’est pas sous contrôle. La charge de la dette des pouvoirs publics reste tenable en raison de la politique de taux bas appliquée par les banques centrales (voir graphique).

De plus, le FMI plaide, à plus long terme, pour que les autorités jouent un rôle plus important dans la résolution des inégalités économiques. Celles-ci existent non seulement entre les pays mais la crise du Covid-19 a également exacerbé les inégalités existantes au sein des frontières nationales. La crise a accéléré la tendance à la digitalisation et l’automatisation et celle-ci entraîne des pertes d’emplois. Les travailleurs peu diplômés et plus jeunes ont perdu plus d’emplois que les professions titulaires d'un diplôme plus élevé. Les femmes, qui sont sur-représentées dans les secteurs qui ont le plus souffert de la crise du Covid-19, comme l’horeca et le commerce de détail, sont également plus touchées par la pandémie, selon le fonds monétaire. Pour sortir de ce modèle, il faut que les autorités investissent davantage dans l’enseignement, les soins de santé et le renforcement des mesures sociales.


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