La BCE demande un accord rapide sur le plan de relance européen

Annelore Van Hecke
Senior Macro Economist @Belfius


Véronique Goossens
Chief Economist @Belfius

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  • La BCE adopte une attitude attentiste maintenant que l’économie se redresse lentement.
  • Un accord sur le plan de relance européen de 750 milliards est nécessaire pour continuer à stimuler l’économie.
  • Les négociations lors du sommet européen des chefs de gouvernement promettent de ne pas être une sinécure.

L’économie se remet lentement mais sûrement du Covid-19. La présidente de la BCE, Christine Lagarde, a dès lors opté hier, lors de la réunion de la BCE, pour une attitude attentiste. L’arsenal monétaire de ces derniers mois doit provisoirement suffire. Et ce n’est pas rien: un programme de rachat de 1.350 milliards de dette publique et privée ainsi que des lignes de crédit pour les banques à un taux d’intérêt négatif allant jusqu’à -1%. Un taux négatif signifie que les banques sont rétribuées pour emprunter de l’argent auprès de la BCE. Elles doivent cependant utiliser cet argent pour octroyer des crédits. Grâce aux conditions très intéressantes, il y a eu un recours massif à ces emprunts, souligne Lagarde. L’incitant monétaire produit ses effets.

Aujourd’hui et demain se tient un important sommet européen. Lagarde a exhorté les chefs de gouvernement européens pour qu’ils arrivent rapidement à un accord sur le plan ambitieux "Next Generation EU" de 750 milliards d’euros pour l’Union européenne. Il s’ajoute au plan de relance déjà approuvé de 500 milliards d’euros.

Le défi consiste surtout à faire changer d’avis les quatre "radins" (Autriche, Pays-Bas, Danemark et Suède). Ils exigent des garanties selon lesquelles les milliards de subsides permettront une reprise durable grâce aux réformes obligatoires. C’est surtout l’Italie qui est visée car déjà avant la crise, elle était confrontée à une croissance en berne et à un dérapage des déficits.

En outre, l’ampleur, le timing, la clé de répartition et le remboursement du fonds de relance via de nouvelles taxes européennes seront au centre des discussions.

Un accord devra également être trouvé sur le budget pluriannuel européen. En février, un tel accord s’avérait impossible. La pierre d’achoppement est surtout la perte de la contribution britannique à l’U.E. après le Brexit, qui creusera un trou dans le budget européen. Les divergences sont pour la plupart les mêmes. Les pays qui apportent une contribution nette à l’U.E., comme les quatre "radins", sont partisans d’économies pour combler ce manque. Les pays d’Europe centrale et de l’Est, ainsi que du sud de l’Europe, qui reçoivent une contribution nette, ne veulent pas perdre leurs subsides et veulent donc augmenter les contributions.

S’il n’y a pas de fumée blanche ce week-end, les marchés financiers européens pourraient connaître une semaine agitée. Un second sommet sera peut-être nécessaire fin juillet pour que les États membres européens trouvent un accord.


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