Nicolas Deltour

Nicolas Deltour
Head of Investment Strategy

Nous voilà déjà au dernier trimestre de l’année. Que retenez-vous de 2023 jusqu’ici?


En un mot: l’Amérique.


Nous pensions qu’en 2023, les marchés seraient concentrés sur l’inflation, et sur les réponses que les Banques Centrales lui réserveraient. Et ce fut en effet le cas.


Mais ce que peu d’investisseurs imaginaient, c’est que le premier semestre serait dominé par les «Magnificent Seven» champions US de l’intelligence artificielle, que le rebond chinois serait entre autres freiné par les tensions entre les deux superpuissances, que 80% des actions du S&P 500® battraient les attentes pour les résultats du second semestre, et qu’en août, la Fed d’Atlanta annoncerait une croissance supérieure à 5%.


Bref, comme toujours, à la fin, c’est l’Amérique qui gagne. Voir à ce propos notre article dédié à l’économie américaine, dans cette même édition de «Vos Investissements».


Ces «Magnificent Seven» ont à ce point changé la donne?


Ils ont en tout cas participé à donner une image tronquée des performances des marchés.


Pour caricaturer, sans ces 7 champions technologiques (Apple, Microsoft, Alphabet/Google, Amazon, Nvidia, Meta/Facebook et Tesla1), il n’y aurait eu aucune performance pour le secteur de la technologie en 2023. Alors, pour certains, les 7 magnifiques sont peut-être déjà de l’histoire ancienne, mais on s’en reparlera certainement à l’heure de faire les comptes en fin d’année.


À ce stade, de manière générale, le reste du marché voit sa valorisation (ratio cours/bénéfices) égale, voire plus faible qu’en début d’année.


On a beaucoup parlé des taux, et ce que ça change pour la classe obligataire. Voyez-vous des bouleversements du côté des actions?


On se souvient que la hausse brutale des taux longs a provoqué une purge sans précédent sur l’ensemble des classes d’actifs l’an dernier. Un des rares épisodes de corrélation presque parfaite entre toutes les poches d’un portefeuille diversifié.


Une fois cette hausse consommée, ce qui semble être le cas, la classe obligataire a bien entendu retrouvé son attrait d’il y a dix ans. Mais elle n’est pas la seule. Chacun sait que les actions dites de croissance et de qualité ont largement surperformé les marchés ces dix ou quinze dernières années.


Seulement voilà, ces mêmes actions, plus sensibles aux évolutions des taux, ont connu les pires performances en 2022. Maintenant que la stabilisation des taux longs semble acquise, ces styles d’actions pourraient faire leur grand retour dans les mois qui viennent. En faisant naturellement abstraction des Magnificent Seven évoqués plus haut, dont la valorisation est une toute autre histoire.

Qu’entendez-vous par actions de croissance ou de qualité?


Il s’agit de deux styles de sociétés distincts. Cela dit, il arrive qu’une même entreprise puisse appartenir aux deux catégories. Le style «croissance» correspond aux sociétés dont l’avenir est clairement devant elles. Elles ont des activités qui présentent un potentiel de croissance largement supérieur à la moyenne. Soit parce qu’elles sont actives dans des secteurs en pleine ascension, soit parce que leurs solutions ou innovations sont tellement disruptives qu’elles créent un nouveau marché à elles seules. Ces entreprises s’achètent en général à des valorisations plus élevées, compensées par l’évolution future.


Les entreprises de qualité, également plus chères en général, le sont car elles ont un côté rassurant pour l’investisseur: un bilan plus solide, un compte de résultats robuste et prévisible, le tout souvent basé sur un avantage compétitif relativement durable.


Ces deux types de sociétés, c’est prouvé, surperforment dans la durée, mais sont un peu à la traîne lors de rebonds cycliques (comme la réouverture post-covid) ou de flambées des taux. Mais dans d’autres circonstances, par exemple en phase de stabilisation telle que nous en vivons actuellement, elles ont historiquement obtenu plus de succès.


Conclusion?


Hors «Magnificent Seven», le cours de nombreuses actions présente un retard par rapport à la création de valeur de ces derniers mois.


Si le nouveau paradigme des taux élevés signifie le grand retour de la classe obligataire, il n’en signifie certainement pas pour autant la sortie des actions. La stabilisation des taux peut aussi signer le grand retour de la croissance et de la qualité, moteurs de performances en rythme de croisière.




1 Les entreprises mentionnées sont citées à titre d'exemple et leur mention ne constitue pas une recommandation d'achat.



Ce document, rédigé et publié par Belfius Banque, présente la vision de Belfius Banque sur les marchés financiers. Il ne constitue pas un conseil en investissement individuel ni une recommandation d'investissement ou une recherche indépendante en matière d’investissement. N’hésitez pas à contacter votre conseiller financier pour obtenir un conseil d'investissement personnalisé. Votre conseiller financier pourra étudier avec vous les éventuelles conséquences que cette vision peut avoir sur votre portefeuille d'investissement individuel. Les chiffres mentionnés dans ce document reflètent une situation à un moment donné et sont sujets à modification.


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