Maud Reinalter, Chief Investment Officer chez Belfius Investment Partners, fait avec nous le bilan de cette première moitié d’année.
Depuis le début de l’année, le monde vit d’une fin de pandémie, d’une guerre en Europe, d’une inflation importante et d’une hausse des taux d’intérêt en réponse à cette inflation. Une récession est-elle envisageable?
Aujourd’hui, plusieurs de ces facteurs conduisent à un important ralentissement de l’économie mondiale. Le conflit russo-ukrainien affecte plus l’Europe que le reste du monde à cause de sa forte dépendance au gaz et au pétrole russe. Si ce conflit persiste et continue de perturber l’approvisionnement d’énergie, les autorités seront forcées de rationner l’offre d’électricité et de gaz afin de ne pas épuiser les réserves. Dans ce cas, on peut s’attendre à un risque de récession, définit comme deux trimestres consécutifs de croissance économique négative, puisqu’aussi bien les ménages que les entreprises seront fortement impactés. Le deuxième élément à surveiller est la normalisation de la politique monétaire de la BCE. Augmenter son taux directeur trop fort et trop vite pourrait conduire à une récession en Europe.
Même si la Réserve fédérale a déjà été plus proactive que la Banque centrale européenne en commençant d’ores et déjà à augmenter ses taux d’intérêt directeurs, les États-Unis sont moins touchés par le conflit russo-ukrainien grâce à leur indépendance énergétique. En outre, leur croissance économique actuelle est robuste, ils sont donc moins exposés au risque de récession.
Enfin en Chine, des plans budgétaires de soutien ainsi qu’une politique monétaire accommodante devraient venir limiter les retombées négatives de la politique de zéro Covid du pays sur l’activité économique.
La hausse des taux d’intérêt, en réponse à l’inflation, a-t-elle atteint un pic? Est-ce que le marché obligataire des pays développés offre de nouvelles opportunités d’investissement?
Les prix des matières premières augmentent depuis le début de la pandémie sous la pression de la demande accrue de biens des ménages, le redémarrage de l’économie et le conflit russo-ukrainien. Toutes ces évolutions ont créé de l'inflation notamment en zone Euro. Aux États-Unis, la pression des prix prend sa source aussi dans d’autres éléments (les salaires, les loyers…).
Sous ces pressions inflationnistes qui viennent diminuer le pouvoir d’achat des ménages et menacer les marges des entreprises, les banques centrales ont réagi en annonçant d’importantes hausses de leurs taux directeurs. Dans cet environnement, après de nombreuses années de taux bas, la classe d’actif des dettes d’états des pays développés redevient une classe d’actifs à part entière. En effet,
- Les attentes de hausses de taux directeurs ont été prises en compte dans la valorisation des obligations d’états qui se sont ajustées.
- L’inflation, une des composantes de la hausse des taux, devrait atteindre un plateau d’ici l’automne, les effets de base des prix des matières premières devraient jouer un rôle non négligeable dans ce scénario complétant la réouverture de l’économie en Chine qui devrait réduire les goulets d’étranglements.
- Les politiques restrictives des banques centrales qui ont pour objectif un atterrissage en douceur des économies accroissent les risques de ralentissement, scénario dans lequel les marchés des taux devraient bien se comporter.
Dans le secteur du crédit Investment Grade, les rendements ont également fortement augmenté sous l’écartements des spreads et la montée des taux. Des noms de qualité offrent des rendements potentiellement solides et offrent des occasions intéressantes d’investissement.
Toutes les classes d’actifs (hormis le pétrole) présentent des résultats nettement négatifs depuis le début de l’année. Au niveau du marché des actions, a-t-on atteint un plancher? Est-ce que les valeurs de croissance/qualité, qui ont énormément souffert, ont mangé leur pain noir?
Avec le resserrement monétaire en cours, nous nous trouvons en effet dans une période (presque) inédite où tant les marchés actions qu’obligataires affichent des performances sévèrement négatives.
La plupart des indices mondiaux, à quelques exceptions près, sont entrés en cours d’année en «bear market», c’est-à-dire une performance inférieure à -20% depuis le début de l’année. Si l’on compare la situation actuelle aux données historiques, un décrochage d’environ 10% supplémentaire indiquerait qu’une récession est totalement intégrée dans les prix . D’ici là, une poursuite de la baisse n’est donc pas à exclure, mais cela dépendra grandement du risque de voir l’économie entrer en récession.
Concernant les valeurs de croissance, celles-ci ont en effet fortement corrigé à la suite de la hausse des taux de long terme, et ce, après deux années de performance exceptionnelle. La stabilisation des taux devrait également permettre d’y voir plus clair, car ces taux «neutres» sont un élément essentiel utilisé dans le processus de valorisation des entreprises. D’ici là, nous reconnaissons que la valorisation est potentiellement attractive et que certaines valeurs peuvent donc trouver une place en portefeuille.
Ce document, rédigé et publié par Belfius Banque, donne la vision de Belfius Banque sur les marchés financiers. Il ne contient pas de conseil en investissement personnalisé, pas de recommandation d’investissement, ni de recherche indépendante en matière d’investissement. Si vous êtes à la recherche de conseils en investissement personnalisés, vous pouvez vous adresser à votre conseiller financier qui se fera un plaisir d’examiner avec vous les effets éventuels de cette vision sur votre portefeuille d’investissements personnel. Les chiffres mentionnés sont des instantanés et sont susceptibles d’évoluer.