«En tant qu’Européens, nous devrions être plus fiers de nos entreprises industrielles», dixit Laurent Milliat, analyste chez Candriam, spécialiste du secteur industriel et co-gestionnaire des fonds d’actions européennes durables. Nous lui avons posé quelques questions.

L’industrie est une notion assez large. Quelles entreprises font partie de ce secteur?


Ce secteur comprend 3 groupes.

  • Le sous-secteur des biens d’équipement ou biens d’investissement est le plus important: ces entreprises produisent des pièces, des machines ou des moteurs utilisés dans le processus de fabrication d’autres biens. On y trouve de grandes entreprises telles que Siemens, Atlas Copco…
  • Le secteur des transports avec, par exemple, Deutsche Post, la société de location Europcar ou la compagnie aérienne Lufthansa.
  • Enfin, le secteur industriel comprend également une série de sociétés qui fournissent des services aux entreprises, notamment dans le domaine des ressources humaines (Adecco), de la gestion et du recyclage des déchets (Tomra) et des services de gardiennage (G4S).

À côté de cette répartition, vous avez également les indices boursiers qui ont aussi leur propre classification. Par exemple, à la Bourse, la société danoise Vestas qui fabrique des éoliennes, entre également dans la catégorie des biens d’équipement. Les entreprises européennes occupent d’ailleurs le haut du classement dans le secteur de niche de l’énergie verte: 8 des 10 plus grandes capitalisations boursières mondiales dans le secteur de l’énergie «verte» sont européennes».


Le secteur industriel a-t-il souffert de la crise du Covid-19?


Il y a un an exactement, l’économie était à l’arrêt. La Chine avait alors suspendu sa production et les entreprises industrielles étaient confrontées, d’une part, à des problèmes de livraisons de pièces (offre) et, d’autre part, à une baisse de la demande. Les secteurs aéronautique, automobile, pétrolier et des transports ont été particulièrement touchés.

Un an plus tard, de nombreuses tendances qui se dessinaient déjà avant la crise, ont été boostées et semblent irréversibles, obligeant les sociétés industrielles à se réinventer et à innover: la digitalisation, l’énergie renouvelable, les voitures électriques, la durabilité... Dans ces domaines, les leaders du secteur industriel européen profitent clairement de l’avantage du premier arrivé (first mover advantage)».

" L’industrie devra suivre trois tendances irréversibles pour aboutir à une économie « zéro émission »:
- plus d’économies d’énergie et de renouvelables
- plus d’électrification
- plus de digitalisation "


Le plan de relance européen et son accent marqué sur la durabilité vont-ils profiter aux entreprises du secteur? Pouvez-vous nous donner une série d’exemples?


  • Les habitations doivent devenir moins énergivores. Les entreprises actives dans la fabrication de matériaux de construction durables (telles que la société irlandaise Kingspan) sont susceptibles de tirer parti de cette tendance.
  • Pour réduire la montagne de déchets, nous devons recycler davantage. Des entreprises telles que Tomra, leader mondial dans la fabrication de capteurs pour le recyclage de matériaux et de systèmes de consignes, ou Umicore, ont emprunté cette voie avec succès.
  • Les voitures électriques constituent une solution majeure pour les constructeurs automobiles européens pour atteindre les objectifs en matière de CO2. Ils produisent de plus en plus de nouveaux modèles électriques.
  • Les véhicules à l’hydrogène en sont encore à leurs premiers balbutiements mais le développement de nouvelles applications dans ce domaine pourrait marquer un tournant. Air Liquide et Johnson Matthey vont bénéficier de la croissance rapide de ce marché en fournissant des solutions pour l’hydrogène « vert ».
  • 2021 a été consacrée Année européenne du rail par l’Union Européenne. Le trafic ferroviaire à grande vitesse devrait doubler d’ici 2030. Les passagers devraient privilégier le train à l’avion pour les plus courtes distances. L’entreprise allemande Knorr-Bremse est par exemple leader mondial dans les système de freinage, pour les trains notamment.

Qu’en est-il des résultats des entreprises? Et quelles sont les attentes?


De multiples entreprises industrielles ont subi une forte baisse de leurs bénéfices en 2020. Toutefois, nombre d’entre elles ont été en mesure de réduire leurs coûts de manière structurelle. Le secteur a enregistré d’excellents résultats boursiers l’an dernier et surperforme les autres secteurs. La fin de la pandémie est en vue et l’industrie européenne tirera également parti de l’accélération de la croissance de ses principaux partenaires à l’exportation, la Chine et les États-Unis.

Le secteur fait face à de nombreux défis. L’Europe est sur la bonne voie mais il est essentiel que notre industrie conserve son avance sur la concurrence. À cet égard, l’innovation durable et le soutien de l’Union européenne constituent des atouts majeurs.


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