16 juin 2025

Frank Maet
Senior Macro Economist @Belfius

  • Il y a une amorce d’accord commercial entre la Chine et les États-Unis mais l'incertitude demeure.
  • La pression inflationniste augmente aux États-Unis en raison de la politique commerciale du président Trump.
  • Les marchés financiers se montrent inquiets des plans fiscaux du gouvernement et de la persistance de la dette publique américaine.
  • La BCE a de nouveau abaissé son taux directeur mais laisse entrevoir la fin des diminutions de taux.

Ces derniers jours, la Chine et les États-Unis se sont retrouvés à la table des négociations afin de tenter de remettre sur les rails le commerce entre ces deux grandes puissances. Le succès semble partiel. Un accord-cadre a été atteint sur la levée de certains droits de douane, entre autres sur les exportations chinoises de terres rares et d’aimants. Les marchés financiers ont réagi de manière positive, mais prudente, à la nouvelle. L’accord provisoire doit encore être approuvé par les chefs de gouvernement - toujours un coup de dés avec Trump - et les divergences d’opinion entre les deux camps restent considérables.

Les investisseurs restent donc très précautionneux car le président américain Trump a de nouveau suscité l’émoi ces dernières semaines par ses déclarations et décisions surprenantes. C’est ainsi qu'il a menacé de taxer tous les biens en provenance de l’U.E. à 50%, avant de revenir sur sa décision deux jours plus tard. Début juin, il a doublé avec effet immédiat les droits de douane sur l’aluminium et de l’acier en les faisant passer de 25 à 50 pour cent.

Il y a des signaux évidents que la politique tarifaire de Trump commence à avoir des répercussions sur le reste de l’économie américaine et qu’elle fait augmenter les prix. Les enquêtes menées auprès des entreprises révèlent que les coûts de production des fabricants ont considérablement augmenté comme conséquence directe de la guerre commerciale de Trump. La pression visant à répercuter la hausse des coûts sur leurs clients grandit à vue d'œil. Ces derniers mois, l’inflation générale a diminué aux États-Unis à la suite de la baisse des prix de l’énergie mais cet effet favorable est en grande partie passé. Belfius Strategic Research prévoit une hausse de l’inflation américaine au cours des prochains mois en raison de l’augmentation des prix des biens importés.

En outre, la manière on-off, off-on avec laquelle les droits de douane du président Trump sont annoncés perturbe le climat d’investissement. Les entrepreneurs ont des difficultés à se projeter et rangent leurs projets d’investissement et de recrutement de personnel.

Les ménages américains voient également planer l’‘inflation’ et se montrent plus prudents avant de délier les cordons de la bourse. Si l’inflation augmente pendant et après l’été, le salaire net à dépenser sera moindre. Ces derniers mois, les Américains se sont mis à épargner davantage.

Tandis que la politique commerciale américaine suscite l’incertitude des entreprises et la crainte de l’inflation chez les consommateurs, les investisseurs sont surtout tracassés par les plans fiscaux. Le mois dernier, la Chambre des représentants américaine a approuvé de justesse la ‘Big Beautiful Bill’ du président Trump. Cette proposition de loi - qui compte plus de 1.000 pages - comporte une prolongation des avantages fiscaux pour les Américains, comme la suppression des taxes sur les heures supplémentaires et les pourboires. La loi prévoit aussi une série de dépenses supplémentaires pour la défense et la lutte contre l’immigration. D’autre part, des économies considérables seront réalisées dans les soins de santé et d’autres acquis sociaux. Toutefois, cela n’empêchera pas une explosion de la dette publique américaine en raison des choix politiques dans le projet de loi (qui doit encore être approuvé par le Sénat).

Les marchés financiers sont surtout préoccupés par les déficits budgétaires énormes provoqués par les plans fiscaux. L’organe de contrôle indépendant, le CBO (Congressional Budget Office) a calculé qu’en raison de la loi, le déficit budgétaire allait augmenter de 2400 milliards de dollars au cours des dix prochaines années. Les nerfs des marchés obligataires étaient déjà tendus après la baisse de la notation de crédit des obligations d’État américaine par l’agence de notation Moody’s plus tôt dans le mois. La nervosité des investisseurs à propos de la persistance de la dette publique américaine a propulsé le taux à 30 ans des obligations d’État américaines au-delà des 5 pour cent.

La Banque centrale à Washington devra donc tenir compte d’un cocktail de facteurs lors de la réunion sur les taux du 18 juin. Il est de plus en plus évident que la politique américaine actuelle pèse sur la croissance économique mais le risque de voir une flambée de l’inflation dans les prochains mois est grand. C’est la raison pour laquelle nous prévoyons que la Banque centrale américaine ne modifiera pas le taux directeur pendant un certain temps.

BCE: la fin des baisses de taux se profile à l’horizon

Alors que la dernière révision à la baisse aux États-Unis date de la fin de l’année dernière, la BCE (Banque centrale européenne) a abaissé son taux à court terme de 0,25 pour cent pour la quatrième fois cette année. En un an, le taux directeur a été réduit de moitié à 2 pour cent, une situation rendue possible grâce à la détente de l’inflation dans la zone euro. En mai, elle a reculé plus fortement que prévu à 1,9 pour cent, grâce à la diminution des prix de l’énergie et à la fermeté de l’euro mais aussi grâce à la baisse de la pression sur les prix dans le secteur des services. L’inflation générale frôle ainsi l’objectif de 2 pour cent de la Banque centrale à Francfort.

La présidente, Christine Lagarde, a souligné à l’issue de la réunion monétaire que le cycle actuel des baisses de taux prenait progressivement fin. Belfius Strategic Research tient encore compte d’une seule baisse de taux (de 0,25 pour cent) avant la fin de cette année, mais la BCE tiendra probablement ses arguments en réserve lors de la prochaine réunion sur les taux (fin juillet).

La date butoir du 9 juillet approche

Normalement, l’arrivée de l’été est une période relativement calme pour les marchés financiers. Ce n’est pas du tout le cas en 2025. Le 9 juillet approche en effet à grands pas. C’est le jour où les droits de douane de 10 pour cent sur les biens en provenance de l’U.E. (et une longue série de partenaires commerciaux des États-Unis) risquent d’être majorés à au moins 20 pour cent, si les pourparlers avec les États-Unis n’apportent aucun résultat. Dans l’intervalle. Cela promet d’être d’ores et déjà un été chaud.

Sources:

  • Généralités: Belfius Strategic Research
  • LSEG
  • BCE

Ce document, rédigé et publié par Belfius Banque, donne la vision de Belfius Banque sur les marchés financiers. Il ne contient pas de conseil en investissement personnalisé, ni de recommandation d’investissement ou de recherche indépendante en matière d’investissements. Les chiffres cités reflètent une situation à un moment donné et sont susceptibles d’évoluer.

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