États-Unis: une hausse des taux douloureuse, mais nécessaire.

22 september 2022

Frank Maet
Senior Macro Economist @Belfius


Véronique Goossens
Chief Economist @Belfius

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  • La banque centrale américaine relève les taux de 0,75% pour la troisième fois.
  • Les nouvelles prévisions en termes de taux laissent présager de nouvelles hausses en novembre et en décembre.
  • Jerome Powell, président de la Fed, souligne que la lutte contre l’inflation sera économiquement douloureuse.

Pour le moment, la Réserve fédérale continue d’appuyer lourdement sur la pédale de frein. Hier, la banque centrale américaine a relevé son taux directeur de 0,75% pour la troisième fois consécutive, les taux se situant désormais dans une fourchette comprise entre 3% et 3,25% (1). Pour certains, la hausse aurait pu être encore plus importante. En effet, au vu des derniers chiffres laissant entendre que l’inflation élevée serait plus tenace que prévu aux États-Unis, près d’un cinquième des acteurs des marchés financiers tablaient sur une augmentation de 100 points de base, soit 1%. À 8,30% en glissement annuel, l’inflation au mois d’août s’est maintenue à un niveau supérieur aux attentes. L’effet de baisse du prix de l’essence à la pompe a été annulé par la montée de l’inflation de base.

Malgré ces éléments, la Réserve fédérale a choisi de ne pas appliquer une hausse des taux plus élevée. Peut-être pour ne pas exercer davantage de pression sur les marchés financiers. Il faut dire que l’annonce de la mobilisation partielle des troupes russes a déjà semé, à la veille de la réunion monétaire, un vent de panique sur les marchés financiers. Une hausse agressive des taux (+ 1%) pourrait, dans ces circonstances, provoquer des remous excessifs et indésirables sur les marchés des actions et des obligations. La banque centrale a par ailleurs prévu de se réunir encore deux fois cette année pour affiner sa politique.

Les investisseurs attendaient d’ailleurs avec impatience le «dot plot», le graphique à points présentant les prévisions trimestrielles des membres du comité des taux d’intérêt. Il ressort de ce graphique que le taux directeur évoluera entre 4,10 et 4,40% d’ici la fin de l’année. Il y a donc fort à parier que les taux à court terme seront encore relevés de 0,75% et 0,50% lors des réunions de novembre et de décembre. La banque centrale envisage également d’appliquer une dernière hausse des taux de 0,25% dans le cycle actuel des taux d’intérêt en 2023. Ce n’est qu’à partir de 2024 que les taux d’intérêt repartiront à la baisse.

En mars, la banque centrale américaine a amorcé un resserrement de sa politique monétaire dans le but de contrer la hausse de l’inflation. Les taux, qui se situaient à ce moment-là à un niveau historiquement bas de 0,25%, ont déjà progressé de 3% depuis lors; cette hausse se répercute sur l’économie, puisque les taux d’intérêt à long terme s’emballent eux aussi. C’est le cas notamment des taux de crédits hypothécaires aux États-Unis qui ont atteint leur plus haut niveau depuis 2008, générant un fléchissement du marché immobilier américain sensible aux fluctuations des taux.

C’est ce qui ressort clairement des prévisions de la banque centrale en termes de croissance et de chômage. Alors qu’elle tablait encore au mois de juin sur une croissance du PIB de 1,70% pour 2022, la Fed vient de revoir ses prévisions à la baisse, misant sur à peine 0,20%. Les pronostics de croissance pour 2023 sont également baissiers, passant de 1,70% à 1,20%. Selon la Réserve fédérale, le taux de chômage passera de 3,80% cette année à 4,40% en 2023.

La crainte d’une récession alimentée par ces projections de croissance plus faibles a engendré un fléchissement du cours des actions à Wall Street au terme de la réunion monétaire. Tandis que les investisseurs craignaient il y a quelques mois seulement que la banque centrale américaine ne se montre pas suffisamment agressive face à l’inflation, ils sont désormais plusieurs, après plusieurs hausses de taux, à redouter qu’en resserrant sa politique monétaire trop rapidement, la Fed ne plonge l’économie dans une récession.



Ce document, rédigé et publié par Belfius Banque, donne la vision de Belfius Banque sur les marchés financiers. Il ne contient pas de conseil en investissement personnalisé, pas de recommandation d’investissement, ni de recherche indépendante en matière d’investissement. Si vous êtes à la recherche de conseils en investissement personnalisés, vous pouvez vous adresser à votre conseiller financier qui se fera un plaisir d’examiner avec vous les effets éventuels de cette vision sur votre portefeuille d’investissements personnel. Les chiffres mentionnés sont des instantanés et sont susceptibles d’évoluer.



(1) Belfius Banque – Belfius Research – septembre 2022

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