L’économie circulaire, créatrice d’emplois

Frank Maet
Senior Macro Economist @Belfius


Véronique Goossens
Chief Economist @Belfius

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  • Les entreprises circulaires sont mieux armées pour résister aux chocs économiques.
  • La transition vers une économie circulaire génère des possibilités supplémentaires d’emplois peu qualifiés à hautement qualifiés.

Les événements de l’année écoulée ont mis en évidence les failles de notre modèle économique actuel. La crise du Covid-19 a clairement démontré que les chaînes d’approvisionnement de l’ancien système linéaire de production et de consommation peuvent rapidement être bouleversées. L’économie circulaire offre une alternative à l’économie linéaire, dans le cadre de laquelle les matières premières sont exploitées, utilisées et rejetées. Dans une économie circulaire, les matériaux et produits ne sont pas gaspillés et sont réinjectés dans le système. Elle vise à maintenir le plus longtemps possible la valeur des matériaux et ressources dans l’économie et à réduire le plus possible la quantité de déchets. (voir graphique)



Les entreprises qui appliquent des stratégies circulaires résistent mieux au choc du Covid-19 que les entreprises non-circulaires. Une enquête réalisée auprès d’entreprises durant la première vague de la pandémie a démontré que 66 pour cent des entreprises circulaires en Flandre n’ont pas été affectées par une pénurie de matières premières et de pièces détachées, par une baisse de la demande ou du financement. Seulement 2 pour cent des entreprises linéaires ont déclaré ne pas subir de pénurie. Généralement, les entreprises circulaires sont plus résilientes parce qu’elles dépendent moins de très longues chaînes d’approvisionnement et consomment moins de matériaux. En outre, une entreprise circulaire est plus proche de ses clients, mais également des autres entreprises avec lesquelles elle collabore.

Si notre économie peut réussir la transition du modèle linéaire au modèle circulaire, nous serons mieux armés pour résister aux chocs économiques futurs. Une société circulaire peut également contribuer à parer l’impact de l’automatisation et de la robotisation sur le marché de l’emploi. L’étude démontre que la transition vers une économie circulaire peut générer de nouveaux emplois. Cela est dû au fait que les processus non-durables d’exploitation et de production sont remplacés par le recyclage, l’entretien et la réparation, qui demandent plus de travail. Des emplois vont disparaître dans les secteurs non-durables, comme l’exploitation minière et les combustibles fossiles, mais la transition créera également de nouveaux emplois qui n’existent pas encore actuellement.

Ces dernières années, l’emploi dans le secteur circulaire a augmenté deux fois plus vite que l’emploi général et il représente 262.000 postes, soit 7,5 pour cent de tous les emplois en Belgique. Il s’agit d’emplois tant peu que hautement qualifiés. Le cœur de l’économie circulaire se constitue de l’énergie renouvelable, du recyclage, de la gestion des matières premières et des déchets. Il nécessite principalement des aptitudes manuelles et techniques. Songez à l’installation de panneaux solaires, à l’entretien et au travail dans les ateliers de réparation.

Diverses stratégies de support circulent autour de cela. Le leasing, par exemple, dans le cadre duquel, à la fin du cycle de vie, les producteurs démontent les biens qu’ils ont fabriqués et réutilisent les matières premières. Cela suppose un engineering, mais également une technologie digitale pour, par exemple, estimer à distance si un appareil ou une machine risque de tomber en panne. Cela requiert des aptitudes cognitives et complexes telles que l’analyse de données et le design de produits.

Indirectement, des emplois vont se créer dans la logistique en vue de maintenir le fonctionnement du circuit, dans l’enseignement, où de nouvelles compétences seront enseignées, ou dans les administrations publiques où, par exemple, sont gérées les chaînes de déchets.

La Belgique a déjà franchi quelques étapes dans la transition vers une économie circulaire. Notre pays est un chef de file dans le recyclage de matériaux de construction et autres déchets. Il se passe également beaucoup de choses dans le domaine de la réparation, de la réutilisation et du support des solutions circulaires, mais il s’agit souvent d’initiatives locales à petite échelle. Il faut agrandir l’échelle et cela requiert une collaboration à tous les niveaux de pouvoir et une plus grande ambition dans les objectifs. L’économie circulaire en Belgique a pris un bon départ mais il est temps à présent de passer à la vitesse supérieure.

Sources :

(*) Vito, Vlaanderen Circulair Dossier Veerkracht-enquête

(**)‘Werkgelegenheid in de circulaire Economie’ Kris Bachus Steunpunt Circulaire Economie, HIVA – KU Leuven - OVER.WERK Tijdschrift van het Steunpunt Werk /1/2019

(***) Circulaire tewerkstelling in België - Een nulmeting van de werkgelegenheid in de circulaire economie in België – J. Dufourmont, H. Cooper, M. Novak, J. Köhler (Circle Economy), R. Dierckx (Inoopa)

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