Le durcissement de la réglementation applicable aux actions du secteur éducatif provoque une onde de choc sur les marchés boursiers chinois. Les ventes sous l'effet de la panique entraînent de lourdes pertes, surtout pour les entreprises chinoises actives sur Internet et dans le secteur technologique. Les investisseurs craignent une législation éventuellement plus stricte dans tous les secteurs ayant bénéficié d’une forte croissance ces dernières années. Est-ce que ce sera réellement le cas? Retour sur les faits.

Rétrospective


Du 15 février 2020 au 15 mai 2021

Après de solides performances en 2020 et au début de cette année, les actions chinoises sont en difficulté. Une politique monétaire moins souple, une attitude plus stricte face à la spéculation immobilière et des tensions persistantes avec l’Occident expliquent ce déclin.


Du 15 mai au 21 juillet 2021

À la mi-mai, les actions chinoises ont touché le fond et se stabilisent. Les craintes d’un resserrement de la politique monétaire avec une éventuelle hausse des taux d'intérêt passent à l’arrière-plan, car la croissance du crédit ralentit. Le 14 juillet, la banque centrale revoit même inopinément à la baisse les obligations imposées aux banques en matière de réserves.


Du 22 juillet au 27 juillet 2021

Une sanction à l’encontre du prestataire de services de taxi Didi – coté en Bourse – et un durcissement inattendu de la réglementation applicable au secteur de l’enseignement privé en ligne (un marché qui pèse 120 milliards de dollars) ont déclenché une vague de ventes, notamment de valeurs technologiques chinoises.


Le 28 juillet 2021

Pékin tente de calmer les esprits via un call du régulateur avec des investisseurs américains et chinois, soulignant que la nouvelle réglementation applicable au secteur de l'enseignement ne sera pas généralisée. Au terme de cet entretien, les actions technologiques chinoises rebondissent.


Évolution de l’indice MSCI China – indice de référence pour la Bourse chinoise


MMI Graph

Le durcissement est à l’œuvre depuis un certain temps


«You’re not special anymore»: c’est en résumé le message que Pékin adressait en automne 2020 aux entreprises technologiques chinoises. À l’époque, Pékin bloquait in extremis le projet d’introduction en Bourse du groupe Ant, une FinTech faisant partie du géant du e-commerce Alibaba. En avril 2021, une amende record de 2,8 milliards de dollars était infligée à Alibaba pour avoir abusé de sa position dominante sur le marché. En juillet, l’autorité chinoise de surveillance de la cybersécurité retirait Didi des app-stores, pour cause d'éventuelles violations de la vie privée. Le durcissement de la réglementation relative à l’enseignement privé ne sera peut-être pas le dernier sur la liste. L’industrie des jeux en ligne est également dans le collimateur.


Pourquoi renforcer la réglementation?


Officiellement, la Chine interdit les investissements étrangers dans les secteurs qui sont cruciaux pour la sécurité nationale (internet, médias, enseignement et finances). Néanmoins, le pays a fermé les yeux sur la cotation de ses entreprises technologiques à la Bourse américaine. Cela leur permettait d'attirer des capitaux et de l'expertise de l'étranger pour se développer. La persistance de l’escalade des tensions avec les USA, y compris après l'entrée en fonction du président Biden, a modifié l’attitude du gouvernement chinois. La crainte de Pékin, c’est que l’accroissement du contrôle américain à l’égard d’entreprises chinoises cotées aux États-Unis ne mette des informations sensibles entre les mains d'un gouvernement américain hostile. En outre, les règles plus strictes visent également à lutter contre d’éventuels abus sociaux. En interdisant les bénéfices pour l'enseignement privé, la Chine veut alléger la pression financière sur les ménages.


Une stratégie d’investissement long terme intacte


Les autorités de surveillance américaine et chinoise sont toujours plus critiques à l’égard des cotations d’entreprises chinoises en Bourse américaine. Cela pourrait servir de catalyseur pour accélérer encore la libéralisation des marchés financiers. Pour répondre aux besoins de financement croissants des entreprises nationales, il convient, d’une part, de mobiliser l’épargne massive des ménages chinois. Et si, d’autre part, ces entreprises veulent attirer des investisseurs étrangers, la Bourse de Hong Kong restera probablement la plaque tournante du financement.

Pour les investisseurs, il est actuellement difficile de savoir comment la réglementation sera encore renforcée, et quels secteurs et entreprises seront (encore) éventuellement touchés. Ce qui entraîne une augmentation structurelle de la prime de risque. À court terme, les perspectives sont encore incertaines, mais à long terme, l’évolution pourrait s’avérer positive. En limitant le pouvoir des grandes entreprises technologiques, la Chine donne aussi à de petites entreprises l’opportunité d’émerger. Quoi qu’il en soit, il est clair que la Chine veut voir l'épargne locale affluer dans ses entreprises (les plus performantes), et le pays continue de miser notamment sur les voitures électriques, l'énergie solaire, le Cloud, la 5G et le marché de la consommation domestique.


En conclusion


Les fluctuations auxquelles on assiste actuellement montrent que les investissements dans des actions chinoises s’adressent à l’investisseur dynamique, ayant un horizon à long terme. Il est impossible de faire du «market timing», mais celui qui investit régulièrement dans le temps récoltera à terme les fruits d’un pays dont les consommateurs voient leur pouvoir d’achat augmenter d’année en année.


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Ce document, rédigé et publié par Belfius Banque, donne la vision de Belfius Banque sur les marchés financiers. Il ne contient pas de conseil en investissement personnalisé, pas de recommandation d’investissement, ni de recherche indépendante en matière d’investissement. Si vous êtes à la recherche de conseils en investissement personnalisés, vous pouvez vous adresser à votre conseiller financier qui se fera un plaisir d’examiner avec vous les effets éventuels de cette vision sur votre portefeuille d’investissements personnel. Les chiffres mentionnés sont des instantanés et sont susceptibles d’évoluer.