Faible impact du plan de relance européen pour la Belgique

Annelore Van Hecke
Senior Macro Economist @Belfius


Véronique Goossens
Chief Economist @Belfius

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  • À la fin de la semaine dernière, la Belgique a présenté son plan national pour la reprise et la résilience afin de pouvoir bénéficier de 5,9 milliards de subsides européens.
  • Cependant, l’effet de relance est plutôt maigre, selon les calculs du Bureau fédéral du plan.
  • D'autre part, le plan d'investissement renforcera notre économie et la rendra plus verte à terme.

À la fin de la semaine dernière, la Belgique a introduit son « plan national pour la reprise et la résilience » auprès de la Commission européenne. Ce plan de relance est nécessaire pour bénéficier des subsides promis de 5,9 milliards d’euros du fonds de relance européen « Next Generation EU » de 750 milliards. Comme demandé par l’Europe, la Belgique mise essentiellement sur les investissements verts et digitaux, ainsi que sur les travaux d'infrastructure. Les investissements favorisent la relance de l’économie car ils ont un effet immédiat. En outre, ils permettent d'accroître la productivité à plus long terme, ce qui améliorera nos performances économiques à l’avenir.

Les calculs du Bureau fédéral du plan montrent toutefois que l’impact de ce plan national de relance est relativement limité. Certes, il ne s'agit que de 5,9 milliards qui, répartis sur 6 ans, correspondent à 0,21 pour cent du PIB par an. C’est pourquoi Belfius Research estime également que l’effet du plan de relance européen sur les prévisions de croissance belges n’est pas très important.

Le Bureau du plan applique des chiffres qui semblent quand même décevants. Sur la période 2021-2026, l’économie belge n’enregistrera une croissance annuelle supplémentaire que de 0,14 pour cent du PIB, ce qui est inférieur à l'impact des investissements de 0,21 pour cent par an. À l'apogée de la relance, 3.900 emplois seront créés, et en moyenne quelque 2.300 emplois sur les 5 prochaines années. D’ici 2026, la productivité serait supérieure de quelque 0,19 pour cent par rapport à celle du scénario sans plan de relance.

L'impact sur le PIB et l’emploi est dès lors faible. Surtout si vous comparez avec la perte de 30.000 emplois provoquée par la crise, selon le Bureau du plan. L’effet de relance des subsides européens est affaibli parce que, pour une partie des investissements, il faut importer des produits de l’étranger. Et chaque type d'investissement ne génère pas nécessairement beaucoup d’emplois. La digitalisation des services publics, par exemple, va générer une augmentation de notre croissance économique à l'avenir, mais à court terme, la création d’emplois sera plutôt limitée. Nous allons assister à des créations d’emplois principalement dans la construction vu la part relativement grande que le plan de relance mise dans la construction ou la rénovation des logements et les travaux d'infrastructure.



 

La force du plan pour la reprise et la résilience réside dès lors plutôt dans le revirement vert de notre économie et les gains de productivité et de compétitivité à long terme.

Vu cet effet de relance modeste, devons-nous craindre que la reprise de notre économie se fasse attendre ? Non. Pour le moment, ce n’est pas le plan de relance mais bien le rythme des vaccinations qui constitue le paramètre le plus important pour la réouverture de notre économie et, dès lors également, la reprise. Grâce au soutien massif des autorités pendant les périodes de confinement, le dommage à notre infrastructure économique pourrait rester relativement limité. Le revenu familial moyen se maintient également, de telle sorte que nous nous attendons à ce que les consommateurs recommencent à dépenser prochainement, ce qui va sérieusement booster notre économie.

Nous ne pouvons pas non plus négliger l’effet du fonds de relance européen sur les autres États membres. Une croissance plus élevée dans des pays comme l’Italie et l’Espagne, qui ont reçu beaucoup plus de fonds européens, va stimuler les exportations belges.

En outre, il n'y a pas que les subsides européens, mais les autorités fédérales et régionales libèrent également des fonds pour investir. Il faut espérer que la combinaison de tous ces facteurs apportera un soutien solide à notre économie.


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