3 janvier 2025

Nicolas Deltour

Nicolas Deltour
Head of Investment Strategy

Fédéric Heirebaudt

Frédéric Heirebaudt
Investment Strategy



Bourse et psychologie


Qu’est-ce qu’un marché financier? C’est un lieu où différentes personnes se réunissent pour parvenir à un certain consensus sur le prix négocié, souvent basé sur leurs idées et leurs émotions. Ces dernières peuvent être très puissantes, à cause de biais prononcés réguliers chez les investisseurs privés. C’est pourquoi les analyses d’un marché donné emploient souvent des mots tels que « peur », « confiance », « optimisme », «panique» et «avidité» pour décrire le sentiment du marché et des investisseurs.


La finance comportementale et les investisseurs privés


La performance des investisseurs particuliers est souvent inférieure à celle des indices de référence en bourse et la finance comportementale offre plusieurs explications à ce phénomène. Voici en résumé les principaux biais et comportements qui peuvent expliquer cette sous-performance chronique:


1. Biais émotionnels


Les investisseurs particuliers prennent souvent des décisions influencées par leurs émotions:

  • Aversion aux pertes: Les pertes sont ressenties plus intensément que les gains équivalents, ce qui conduit les investisseurs à vendre trop tôt les actifs gagnants et à conserver trop longtemps les actifs perdants.
  • Exubérance émotionnelle: Lors des périodes de bulles ou de crises, les investisseurs ont tendance à acheter quand les prix sont élevés (euphorie) et à vendre quand les prix sont bas (panique).

2. Biais cognitifs


Ces biais influencent la manière dont les investisseurs traitent l'information:

  • Biais de «surconfiance»: Les investisseurs surestiment leurs capacités à prédire l'évolution des marchés, ce qui les pousse à prendre des risques excessifs ou à trader trop fréquemment.
  • Biais de représentativité: Ils tirent des conclusions rapides en se basant sur des événements récents, croyant que les performances passées vont se répéter.
  • Biais de confirmation: Ils recherchent des informations qui confirment leurs croyances initiales tout en ignorant celles qui les contredisent.

3. Trading excessif et coûts associés


  • Suractivité: De nombreux particuliers «tradent» trop souvent à court terme au lieu d’investir pour le long terme, ce qui entraîne des frais de transaction élevés, réduisant ainsi leur rendement net.
  • Timing inefficace: Ils tentent de «timer» (acheter et vendre au meilleur moment) le marché mais échouent souvent à cause de la difficulté de prévoir les mouvements à très court terme.

4. Effet moutonnier


Les investisseurs suivent souvent la foule, achetant les actifs en vogue ou populaires, ce qui les expose à de possibles bulles spéculatives.


5. Manque de diversification


  • Concentration excessive: beaucoup d'investisseurs particuliers ont des portefeuilles mal diversifiés, concentrés sur quelques actions ou secteurs, ce qui augmente leur risque spécifique.
  • Préférence domestique: Ils ont tendance à investir davantage dans les actions de leur pays d'origine, limitant ainsi l’exposition internationale.

6. Biais d'ancrage


Les investisseurs s’accrochent à des informations initiales (comme un prix d'achat) pour évaluer la valeur d’un actif, ce qui limite leur capacité à ajuster leur stratégie face à de nouvelles données.


7. Sous-estimation de la performance de l’investissement passif


Beaucoup d’investisseurs particuliers cherchent à battre le marché en adoptant une gestion active, sans réaliser que la majorité des gestionnaires actifs sous-performent régulièrement les indices sur le long terme. L’investisseur privé se surestime souvent alors qu’il est prouvé que battre le marché est très difficile.


Quid de cette année 2024?


Malgré des records atteints par les marchés boursiers, les investisseurs particuliers n’ont pas réussi à obtenir les mêmes performances que l’indice S&P 500. En moyenne, leurs investissements en actions américaines n’ont progressé que de 3,7% sur l’année, ce qui parait incroyable et représente la pire performance pour ce type d’investisseurs dans une année où l’indice affiche des performances à deux chiffres proche des 30%!1


Quelles en sont les raisons?


La concentration du marché et la dominance du secteur technologique et des «7 magnifiques» ont été les grands gagnants cette année. Pourtant, de nombreux investisseurs particuliers ont évité d’y investir de façon importante, préférant des actions à forte volatilité, des titres populaires sur les réseaux sociaux mais très risqués ou alors des titres appartenant à des secteurs plus défensif comme les biens de consommation qui ont mal performé.

Deuxièmement, début août, une correction des marchés a suscité l’inquiétude de certains investisseurs particuliers, les incitant à vendre leurs actions à des prix relativement bas. Lorsque les marchés ont ensuite rebondi de manière significative, ils ont éprouvé des difficultés à reprendre des positions à des niveaux d’entrée avantageux, manquant ainsi la reprise du marché.

Enfin, un troisième facteur majeur est la préférence pour la liquidité. De nombreux investisseurs particuliers préfèrent garder une partie de leurs avoirs en cash, pensant que cela leur offre une certaine sécurité en cas de retournement de marché.


En conclusion


La forte sous-performance des investisseurs particuliers par rapport au S&P 500 cette année s’explique donc par une combinaison de décisions de gestion malheureuse et bien sûr par les nombreux biais comportementaux que nous venons de détailler plus haut. Pour ces investisseurs, l’avenir réside dans une meilleure compréhension de leurs erreurs et des tendances de marchés, afin de maximiser leurs chances de succès face aux indices de référence comme le S&P 500.



1 Source: Pourquoi la performance des investisseurs particuliers est inférieure à celle du S&P 500 | Agefi.com



Ce document, rédigé et publié par Belfius Banque, donne la vision de Belfius Banque sur les marchés financiers. Il ne contient pas de conseil en investissement personnalisé, ni de recommandation d’investissement ou de recherche indépendante en matière d’investissements. Les chiffres cités reflètent une situation à un moment donné et sont susceptibles d’évoluer.

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