29 décembre 2023

Nicolas Deltour

Nicolas Deltour
Head of Investment Strategy

Robbe Van Hauwermeiren

Robbe Van Hauwermeiren
Investment Strategy


Warren Buffett, l’un des plus grands investisseurs de tous les temps, a un jour employé la locution maniaco-dépressif pour qualifier le marché boursier. Ce marché fluctue énormément à court terme en fonction de l’actualité et du climat économique. Il suffit d’entendre des nouvelles négatives, économiques ou géopolitiques, pour que les investisseurs s’empressent de vendre leurs investissements. Néanmoins, à en juger par l’histoire, les investisseurs à long terme ont presque toujours été récompensés par le marché boursier.

Les gens ont du mal à rester optimistes. Nous sommes intrinsèquement allergiques au risque. Nombreuses sont les études psychologiques qui ont montré que nous nous focalisons davantage sur les moyens d’éviter les pertes que sur la réalisation de profits. Selon Daniel Kahneman et Amos Tversky, deux lauréats du prix Nobel, l’asymétrie entre le pouvoir des attentes négatives et positives a une origine évolutionnaire. Il faut dire que les organismes qui attachent une plus grande importance aux menaces et non aux opportunités ont de meilleures chances de survie1. À force de se focaliser sur l’hydre des mauvaises nouvelles et sur les menaces qui planent, de nombreuses personnes ont l’impression que le monde court à sa perte, alors que l’écrasante majorité des données prouvent le contraire2. Ce pessimisme ambiant incite aussi les investisseurs à prendre des décisions malavisées et occasionne des prédictions erronées de la part des économistes.

Fin 2022, il était bien difficile de cultiver l’optimisme. Pour la première fois depuis les guerres en Yougoslavie, une guerre s’est abattue sur le continent européen. Résultat des courses: l’augmentation des prix de l’énergie et des denrées alimentaires a fait grimper l’inflation qui a atteint son paroxysme en plus de 40 ans. Les banques centrales ont quant à elles pris les devants en augmentant leurs taux d’intérêt. Les bouleversements géopolitiques, l’augmentation de l’inflation et une politique monétaire stricte ont fait sombrer les marchés boursiers et obligataires dans un gouffre profond. En l’absence de signes d’amélioration, les perspectives pour 2023 étaient sombres.

Toujours est-il que Belfius se montrait optimiste (bien que prudent) fin 2022. Les marchés boursiers s’étaient déjà fortement redressés et les rendements obligataires étaient de nouveau intéressants. En 2023, le marché a confirmé une fois de plus que l’optimisme à long terme était une stratégie gagnante, alors que les marchés boursiers ont enregistré une forte hausse, contrairement aux attentes de nombre d’investisseurs et d’économistes.

S’il y a bien une chose que nous avons apprise cette année, c’est qu’il faut parfois tourner le dos aux nouvelles négatives et rechercher des opportunités. Bien sûr, il ne faut pas ignorer les risques, mais pas plus qu’il ne faut les surestimer.


Cap sur 2024


En ce qui concerne les actions, nous nous montrons aujourd’hui optimistes mais faisons preuve de prudence. Pour autant, la conjoncture économique n’est pas aussi claire: la croissance économique semble ralentir à l’échelle mondiale. Voilà précisément le scénario que les banques centrales avaient pressenti. En augmentant leurs taux d’intérêt, les banques ont tenté de ralentir l’économie et de freiner la hausse des prix. On voit l’impact sur notre inflation, qui enregistre une forte baisse. À titre exemple, le prix du gaz a beaucoup baissé par rapport à l’année dernière. Tant que l’économie ne s’enlise pas trop dans la débâcle, l’environnement pourrait être propice aux actions boursières.

Ce scénario est parfois appelé « atterrissage en douceur ». Ce processus entraîne un déclin de l’économie sans provoquer de récession. En l’état actuel de la situation, nous présupposons ce scénario, surtout aux États-Unis. Dans ce pays, nous assistons mois après mois à une évolution des chiffres dans la bonne direction, avec une baisse de l’inflation et un marasme économique même si la conjoncture reste robuste. L’économie européenne semble être mise à plus rude épreuve. Nous adoptons donc une attitude plus prudente vis-à-vis des actions européennes. Nous privilégions aujourd’hui les actions américaines.

S’agissant des actions, nous affectionnons le secteur technologique. Il est difficile de se figurer un avenir dans lequel la technologie sera encore plus importante qu’elle ne l’est aujourd’hui, et nous voulons nous préparer à cette perspective. Nous souhaitons aussi asseoir notre présence dans les secteurs où la technologie peut stimuler l’innovation, comme la santé. Dans ces secteurs, les actions affichent non seulement une croissance stable, mais aussi un fort potentiel de croissance. On retrouve la même ambition vis-à-vis de l’innovation dans les entreprises qui contribuent à notre transition énergétique ou à la révolution verte en général.



1 Kahneman, D., & Tversky, A. (1979). Prospect theory: An analysis of decision under risk. Econometrica, 47, 263-291.

2 https://towardsdatascience.com/data-shows-we-are-wrong-about-the-world-ac5608ce6c4f


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