23 août 2023

Nicolas Deltour

Nicolas Deltour
Head of Investment Strategy

Olivier Fumiere

Olivier Fumiere
Investment Strategy


Le MSCI Emerging Market est l’indice de référence lors d’investissements dans les pays émergents. Nous examinons ici l’intérêt d’investir dans ces pays.


Composition régionale de l’indice MSCI Emerging Market

MMI Grafiek

Source: MSCI



Chine: des mesures ciblées sont nécessaires


Le modèle de forte croissance économique de la CHINE semble être révolu. Si la démographie y a joué un rôle favorable important dans le passé, celui-ci devrait disparaître. En 2022, la population y a même baissé pour la première fois en plus de 60 ans.

En outre, si la Chine a longtemps bénéficié d’une main-d’œuvre bon marché, cet avantage se révèle aujourd’hui moins pertinent face à d’autres pays émergents. Ceci semble être d’autant plus vrai que les tensions géopolitiques entre la Chine et les Etats-Unis incitent de nombreuses entreprises à investir dans d’autres pays tels que Inde, Vietnam, Mexique…

Les derniers chiffres des exportations chinoises sont par ailleurs en forte baisse (-14,5%1 en juillet). Il se confirme que la Chine doit de plus en plus encourager sa consommation interne. Mais cette transition nécessaire ne semble pas, jusqu’à présent, porter ses fruits.

En cause, le manque de confiance de la population. L’épargne reste élevée et ne prend pas le chemin de la consommation, ceci malgré la levée des restrictions concernant la politique de zéro-covid.

Le secteur immobilier reste fragile et incite à la prudence. Après le défaut d’Evergrande en 2021, Country Garden, l’un des plus grands groupes du secteur immobilier dans le pays, doit faire face à de grandes difficultés financières. Après le non paiement de ses engagements financiers début août, il risque le défaut de paiement dans les 30 jours. De nombreux projets risquent à nouveau d’être à l’arrêt et d’engendrer des contestations. Enfin, le taux de chômage reste élevé, principalement chez les jeunes.

Aujourd’hui, alors que les pays occidentaux s’appliquent à maîtriser l’inflation, la Chine doit faire face à une faible demande et à un phénomène de déflation. Ainsi, aussi bien les prix à la consommation (CPI : -0,3%1) que les prix à la production (PPI : -4,4%1) sont en recul.

Dans ce contexte économique, Belfius Research a revu à la baisse la croissance de l’économie chinoise à 5,5% en 2023 et 4,5% en 2024. Des interventions du gouvernement chinois, comme des autorités financières du pays, s’avèrent nécessaires ; elles seront probablement ciblées plutôt que radicales.

Il semble que le marché aie déjà intégré une bonne partie de ces données, ce qui se traduit dans les faits par une valorisation relativement faible (P/E 12 FWD ou ratio cours/bénéfice pour les 12 prochains mois de 10,31).


L'Inde: un pôle de croissance


Contrairement à la Chine, l’INDE connaîtra, au cours des prochaines décennies, une croissance qui sera soutenue par sa démographie. Le pays vient de dépasser la Chine en terme de population et cette évolution devrait encore s’accentuer. Elle devrait également attirer les investisseurs étrangers, bénéficiant d’une main d’œuvre bon maché et de connaissances spécifiques en particulier dans la technologie. Les tensions politiques entre les Etats-Unis et la Chine pourraient accentuer cette évolution.

Si l’Inde offre des persperctives de croissance intéressantes à long terme, une partie de celles-ci semble avoir déjà été intégrée dans la valorisation, le P/E 12 FWD valant près de 20,51 en comparaison de 12,11 en moyenne pour les pays émergents.

En schématisant, on peut dire aujourd’hui que si l’Inde présente un potentiel de croissance économique important et une valorisation chère, la Chine, elle, présente des risques plus importants mais est bon marché.


Atouts des autres pays émergents


Si dans l’indice MSCI EM, TAIWAN représente 15%, Taiwan Semiconductor Manufacturing Company y représente à lui seul 7%. Fortement innovateur, il dispose d’une avancée technologique certaine dans ce domaine de telle sorte qu’il est leader mondial des semi-conducteurs de pointe. Ce savoir-faire est au cœur même de la bataille entre les Etats-Unis et la Chine pour la suprématie technologique.

Les AUTRES PAYS EMERGENTS représentent 40% de l’indice MSCI EM. Certains parmi eux pourraient profiter du déclin de la Chine dans le commerce mondial pour des raisons de coûts de la main-d’œuvre, de diversification des chaines d’approvisionnements voire de tensions politiques. Autre élément favorable, vu que certains de ces pays, en particulier en Amérique latine, ont commencé leur cycle de hausse de taux d’intéret plus rapidement que les pays occidentaux le reflux de l’inflation pourrait les amemer à abaissser ces taux plus rapidement. C’est déjà le cas pour le Brésil dont la Banque centrale vient, au mois d’août, de réduire son taux directeur de 13,75% à 13,25%.


Conclusion


Notre conviction est qu’il convient de diversifier un portefeuille d’actions à deux niveaux. Au niveau global, la part des actions des pays émergents pourrait occuper 15 à 20% du portefeuille et, au sein même des pays émergents, une bonne diversité se révèle tout aussi indispensable.




1 Source: Refinitv-Datastream


Ce document, rédigé et publié par Belfius Banque, donne la vision de Belfius Banque sur les marchés financiers. Il ne contient pas de conseil en investissement personnalisé, pas de recommandation d’investissement, ni de recherche indépendante en matière d’investissement. Si vous êtes à la recherche de conseils en investissement personnalisés, vous pouvez vous adresser à votre conseiller financier qui se fera un plaisir d’examiner avec vous les effets éventuels de cette vision sur votre portefeuille d’investissements personnel. Les chiffres mentionnés sont des instantanés et sont susceptibles d’évoluer.

Les entreprises mentionnées sont citées à titre d'exemple et leur mention ne constitue pas une recommandation d'achat.