14 juin 2023

Nicolas Deltour

Nicolas Deltour
Head of Investment Strategy


Les Nations Unies consacrent la journée du 17 juin à la lutte contre la sécheresse. Hasard du calendrier, le mois de mai 2023 aura justement été particulièrement sec en Belgique. Dans le Sud de l'Europe c’est tout le printemps qui pose problème. Un phénomène inquiétant qui va encore s'aggraver du fait du réchauffement climatique. Heureusement, la prise de conscience est en marche.



Quelques chiffres


Dans plusieurs régions d'Europe, les déficits de précipitations atteignent 30 à 50 % et parfois même 70 % du niveau normal. Selon l'ONU, 2,3 milliards de personnes, soit un quart de la population mondiale, souffrent déjà de stress hydrique à certaines périodes de l'année. Dans un rapport de l'OMS1, cette part monte même à 40%, et la sécheresse pourrait provoquer la migration de 700 millions de personnes d'ici 2030.

Un phénomène inquiétant qui ne fera que s'aggraver. Si nous ne faisons rien ou pas assez, le manque d'eau provoquera à très court terme des catastrophes alimentaires et sanitaires, conduisant à des conflits armés.


Un défi pour le Moyen Orient et l’Afrique


Bien entendu, les premiers touchés sont le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord. Ces régions chaudes et sèches présentent un approvisionnement en eau naturellement plus faible qu’ailleurs sur la planète. Mais les récents développements économiques ont généré une accélération de la demande, menant à son tour ces territoires dans une situation de stress extrême.


Mais aussi une menace pour l’Europe


Le problème est également devenu concret, et palpable pour nous, les Européens. Contrairement aux idées reçues, notre continent se réchauffe plus vite que le reste du globe. Et les effets, en termes d’hydrométrie, mais aussi de productivité agricole, y seront plus marqués.

La sécheresse de l'été 2022 produit encore ses effets en Belgique, et n’a pas été compensée par le dernier hiver. Le niveau des nappes phréatiques n’a pas pu retrouver sa normale.

Les cartes disponibles sur le site de l’observatoire européen des sécheresses est édifiant2. Pratiquement tous les pays d’Europe présentent des régions en alerte.

Des alertes rouges (état le plus critique). Rouge, c’est d’ailleurs la couleur d’une grande partie de l’Espagne et du Portugal. Au moment de la rédaction de cet article, l’ensemble de la péninsule ibérique est en alerte. Et ce n’est pas plus réjouissant au Nord ; tout le pourtour de la Baltique est également coloré. Pour les Européens, le défi viendra également d’ailleurs. De l’autre côté de la Méditerranée, la situation est pire, et le Vieux Continent fait encore figure d’Eden, même pour les aspects hydrique. Le dossier de l’accueil décent et organisé des migrants s’invitera immanquablement à nouveau à la table de nos politiques dans les mois ou années à venir.


Les solutions


A court terme, il est difficile d’influencer l’offre globale d’eau consommable. L’essentiel de la solution est en aval : sur le stockage, le transport, la réduction d’utilisation, et la revalorisation de l’eau.


Le stockage


Les eaux pluviales restent un formidable moyen d’approvisionnement dans de nombreuses régions, largement sous-exploité. Une meilleure gestion de ces eaux va non seulement améliorer la résilience de l’approvisionnement en eau, mais aussi fournir une meilleure protection en cas d’inondations et de tempête.

Notre partenaire Candriam s’attend à ce que le marché mondial des eaux pluviales connaisse un taux de croissance annuel moyen de 8,40 % dans les années à venir3.


L’optimisation du transport et de l’approvisionnement


Un des plus grands postes de consommation de l’eau reste malheureusement… l’eau non consommée. Les déperditions dans les circuits de distributions et les installations ont un luxe que nous ne pouvons plus nous permettre. Les réseaux et les compteurs passent en mode digital et intelligent. Cette nouvelle approche permet ainsi l’optimisation de l’utilisation, mais aussi la détection des fuites, et ainsi limiter les déperditions, à l’échelle des réseaux de distribution.

La croissance de ce marché pour dépasser les 12%, annuellement3.


Le traitement et la revalorisation


Le traitement passe d’abord par une meilleure analyse, une meilleure détection des pollutions.

Ensuite, en particulier pour les industries, le recyclage et la revalorisation de l'eau sont des passages obligés, non seulement pour limiter l’impact de l’industrie en termes d’empreinte hydrique, mais aussi pour pérenniser l’activité en cas de pénurie majeure. En complément de la récupération des eaux de pluie, ces solutions permettent par ailleurs de générer des économies dans certains secteurs. L’intérêt est autant économique qu’écologique.


Conclusion


Les sociétés offrant des solutions en termes d’analyse, de traitement, de revalorisation, de récupération, de traçabilité ont toutes une carte à jouer dans la lutte contre le stress hydrique. Ces solutions complètent parfaitement les autres moyens de lutte contre le réchauffement climatique et ses effets. Elles sont un must sur le plan moral, écologique, mais aussi économique et stratégique.

Pour ces sociétés, la lutte contre la sécheresse n’a pas lieu que le 17 juin, mais toute l’année.




1 Drought (who.int)
2 Map of Current Droughts in Europe - European Drought Observatory - JRC European Commission (europa.eu)
3 Source: Candriam



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