19 avril 2023

Nicolas Deltour

Nicolas Deltour
Head of Investment Strategy

Joeri Meulement

Joeri Meulemans
Investment Strategy


En dépit des problèmes rencontrés par le secteur bancaire au cours des dernières semaines, les marchés boursiers résistent bien. Après la baisse initiale, ils ont rebondi et les pertes ont fondu comme neige au soleil. Le secteur technologique est actuellement performant, avec un rendement potentiel de 20 % depuis le début de l'année1. La hausse va-t-elle se poursuivre ou y a-t-il des risques à prendre en compte ?



Le secteur technologique se compose surtout d'entreprises de croissance dont la plupart des bénéfices restent à réaliser. Un investisseur compare toujours à l’heure de juger l'opportunité d'un investissement. Quand le taux des obligations d'État progresse, ces dernières s'avèrent relativement plus intéressantes par rapport aux bénéfices hypothétiques d'une entreprise dont l’actionnaire pourrait tirer indirectement parti. La hausse des taux d'intérêt exerce donc une pression à la baisse sur la valeur actuelle des bénéfices encore à réaliser. Plus ceux-ci sont éloignés dans le temps, plus cet effet est important.



Taux d'intérêt : une variable importante dans l'évaluation


Pendant des années, portées par les faibles taux d'intérêt, les valeurs technologiques ont tiré leur épingle du jeu sur le marché des actions. Quand les taux d'intérêt sont bas et que l'économie patine, les investisseurs sont prêts à payer plus cher pour des entreprises susceptibles de connaître une forte croissance, à l’instar des acteurs technologiques. Qui plus est, le secteur a bien profité de la pandémie, d'une part, en raison de la décision des banques centrales d'abaisser les taux d'intérêt à 0 % (voire moins) en 2020 ; d'autre part, du fait de l’explosion de la demande.


En 2022, l'inflation s’est emballée et les banques centrales ont relevé leurs taux d'intérêt. Au cours de la difficile année boursière 2022, le secteur technologique a été l'un des grands perdants : la hausse rapide des taux d'intérêt a exercé une pression supplémentaire à la baisse. Cette année, les taux d'intérêt à long terme se stabilisent et la fin du cycle de hausse des taux directeurs se profile à l’horizon. Logiquement, le secteur technologique reprend des couleurs.2



Une valorisation toujours plus élevée3


Le ratio cours/bénéfice est un critère qui permet d'estimer la valeur d'une action. Plus ce ratio est bas, plus l’action est bon marché. Sur les graphiques ci-dessous, on constate une progression des valorisations depuis le début de l'année (graphique du centre, courbe en noir). Explication. Le numérateur « cours » a augmenté depuis le début de l'année (cf. hausse du marché des valeurs technologiques Nasdaq ou courbe en rouge) ; le « dénominateur », c’est-à-dire les prévisions bénéficiaires, lui, s’est légèrement tassé (graphique du centre, courbe grisée).


Les investisseurs sont aujourd'hui disposés à payer un peu moins de 24 fois les bénéfices futurs attendus pour les entreprises technologiques. En avril et août derniers, le Nasdaq était coté à des valorisations équivalentes (droites noires verticales) à celles d'aujourd'hui. Toutefois, si l'on tient compte du taux d'intérêt réel, c'est-à-dire corrigé de l’inflation (graphique du bas, courbe bleue), on constate qu'il était plus bas en avril et en août derniers. Or, la situation actuelle est différente de celle de l'année dernière. Le pic des craintes inflationnistes est peut-être passé, mais la tendance baissière des prévisions bénéficiaires est beaucoup plus marquée aujourd'hui que l'an dernier.


Table

Avec un taux d'intérêt réel fluctuant entre 1 et 1,5 %, un ratio cours/bénéficede 24 n'est pas ce qu’on pourrait appeler « bon marché ». Il est donc peu probable qu'une nouvelle baisse des taux pousse les cours à la hausse, en particulier dans un contexte de tassement des prévisions bénéficiaires. Personne ne sait de quoi demain sera fait, mais il serait judicieux de se concentrer sur les entreprises technologiques de qualité et d'étaler les achats dans le temps. À long terme, le secteur devrait continuer à tirer parti des progrès technologiques, des investissements dans la lutte contre les bouleversements climatiques et, dans une moindre mesure, des tendances démographiques.4




1Source : Refinitiv Datastream
2La réalité est plus complexe. La performance relative des actions de croissance s'explique en partie par l'effet taux, mais aussi par d'autres facteurs, dont les prévisions bénéficiaires, les chiffres d'affaires prévisionnels, la confiance des investisseurs, etc. Cet article s’intéresse surtout à l'effet taux.
3Attention : les rendements passés ne sont pas des indicateurs fiables des rendements futurs. Les rendements bruts peuvent être influencés par des commissions, frais et autres charges. Les rendements libellés dans une autre devise que celle de l’État de résidence de l’investisseur sont soumis à des fluctuations du cours de change, qui peuvent avoir un impact positif ou négatif sur les plus-values.
4Source : Investment Strategy, Belfius Banque



Ce document, rédigé et distribué par Belfius Banque, reflète le point de vue de Belfius Banque sur les marchés financiers. Il ne contient pas de conseils ou de recommandations personnalisés en matière d'investissement ni de recherches indépendantes en matière d’investissement. N'hésitez pas à contacter votre conseiller financier si vous désirez recevoir des conseils d’investissement personnalisés. Il se fera un plaisir d’examiner avec vous les conséquences éventuelles de cette vision sur votre portefeuille personnel d’investissements. Les chiffres mentionnés constituent un instantané et sont susceptibles d’être modifiés.