22 février 2023

Nicolas Deltour

Nicolas Deltour
Head of Investment Strategy

Philippe Evrard

Philippe Evrard
Investment Strategy


Les taux d'intérêt à court et à long terme ont fortement augmenté au cours de l'année écoulée. Les obligations pourraient retrouver leur place dans votre portefeuille. Mais quelles obligations choisir ?


La voie royale : l’émission d’entreprise de qualité


4%. C’est ce que peut rapporter, en ce moment, un portefeuille d’obligations d’entreprises bien construit, en euro.


Alors que, ces cinq dernières années, le rendement moyen visé par ces émissions était plutôt de l’ordre de 1%, voire moins, comme l’illustre le graphique ci-dessous, représentant l’évolution des rendements moyens des obligations d’entreprises de l’indice IBoxx Euro Corporate.1


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Il s’agit ici du rendement visé moyen pour des maturités de l’ordre de 5 ans, et pour des émetteurs qualifiés de « investment grade », c’est-à-dire dont les ratings donnés par les agences de notations2 sont compris entre AAA et BBB, soit les meilleures qualités actuellement disponibles sur le marché.


Ce choix pourrait constituer votre plat principal sur le menu obligataire.


Les obligations d’Etat : avec parcimonie


En particulier dans la zone Euro, de nombreux points d’interrogations planent au-dessus des budgets étatiques. Les carnets de chèques gouvernementaux ont chauffé à plusieurs reprises ces dernières années. Pour soutenir les entreprises et les ménages à travers la pandémie, puis à travers la crise énergétique. Pendant que le ralentissement économique contracte certaines recettes fiscales.


A titre d’exemple, prenons les déficits au troisième trimestre 2022, récemment publiés par Eurostat3 : le traditionnel élève modèle allemand présente un déficit de 3,8%, la France de 4,7%, et la Belgique… de 5,1%. Notre plat pays porte d’ailleurs le bonnet d’âne du pire déficit de toute la zone Euro pour la période.


Et pourtant, la dette de la Belgique, à 5 ans, ne rémunèrent qu’ à un taux de 2,65% (données au 13 février 20234). Soit un tiers de moins que la moyenne des obligations d’entreprises de qualité « investment grade ».


En ce moment, les obligations d’Etat (ou ‘govies’) européennes risquent donc d’alourdir le menu sans en améliorer le goût.


Un peu d’épices émergentes pour relever le tout


Pendant que les pays occidentaux, et en particulier leurs banques centrales, se battent contre l’inflation, les pays émergents, et en particulier l’Asie, sont en pleine réouverture économique.


La dette émergente peut dès lors constituer un satellite de diversification dans un portefeuille obligataire pour autant que le profil de risque de l’investisseur le permette.


La bonne assiette, le bon support d’investissement


Il est un mot qui fâche dans l’univers obligataire : défaut.


Un mot dont les détenteurs de dette grecque en 2008 ou 2010 se souviennent.


Les probabilités de défaut – ou cessation de paiement - sont en principe indiquées par les agences de notation, telles que Moody’s ou Standard & Poor’s.


Mais même une agence peut se tromper, ou avoir été bernée par une fraude très bien organisée.


Heureusement, il est moins probable qu’elle se trompe systématiquement sur 100 ou 200 émetteurs différents.


C’est pourquoi, même au sein de la classe d’actif obligataire de niveau « investment grade », il est recommandé de diversifier.


Les trackers et les fonds obligataires sont un moyen facile et bon marché de procéder à cette diversification. Ils présentent également l’avantage de renouveler les titres en portefeuille, ce qui permet de garder une maturité moyenne en portefeuille relativement stable.


Le risque de défaut individuel est également appelé risque idiosyncratique. Un risque qui est pourtant facile à contourner, grâce aux fonds obligataires.


Un invité inattendu : la branche 23


L’assurance-vie, ou assurance-placement, appelée « branche 23 » en Belgique, présente une fiscalité particulière. Elle comporte bien entendu ses propres frais et taxes, mais n’est en général pas soumise au précompte mobilier.


Lorsque les taux étaient inférieurs à 1%, les investisseurs en obligations n’y voyaient pas un avantage matériel. Mais s’il est désormais question de rendements de l’ordre de 4% en cœur de portefeuille, voire 6 ou 7% sur des dettes plus exotiques (mais bien sûr plus risquées), les conclusions peuvent être sensiblement différentes.


Nous observons chez l’investisseur un regain d’intérêt pour ce support.


Conclusion


Le monde obligataire est redevenu plus attractif, mais la diversification sur les différentes sous-classes, émetteurs et maturités reste de mise. Enfin, choisissez le véhicule d'investissement qui convient le mieux à votre situation personnelle, tant financière que fiscale.




1 Veuillez noter que les rendements passés et les rendements futurs prévus d'un indice financier ne sont pas des indicateurs fiables des rendements futurs. Les rendements bruts peuvent être affectés par des commissions, des frais et d'autres charges. Les rendements libellés dans une devise autre que celle du pays de résidence de l'investisseur sont soumis aux fluctuations des taux de change, qui peuvent affecter positivement ou négativement les plus-values.
2 Voir l’explication des notations de crédit : wat-is-een-kredietrating.pdf (belfius.be)
3 Source: Eurostat
4 Source: Refinity



Ce document, rédigé et publié par Belfius Banque, donne la vision de Belfius Banque sur les marchés financiers. Il ne contient pas de conseils en investissement personnalisés, pas de recommandations d’investissement, ni de recherche indépendante en matière d’investissement. Si vous voulez des conseils en investissement personnalisés, vous pouvez vous adresser à votre conseiller financier qui se fera un plaisir d’examiner avec vous les effets de cette vision sur votre portefeuille d’investissements personnel. Les chiffres indiqués sont un instantané et sont susceptibles de changer.