25 janvier 2023

Nicolas Deltour

Nicolas Deltour
Head of Investment Strategy


FAANG (Facebook, Amazon, Apple, Netflix, Google) ou GAFAM ( Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft). Voilà les acronymes qui désignaient, jusqu’il y a peu, les géants de l’internet, voire de la tech au sens large.


Mais une lettre donne à ces combinaisons un air dépassé : F.


F pour Facebook ?


La société a changé de nom (Meta), ce qui mériterait déjà une mise à jour. Mais même le ‘M’ de Meta voit sa place dans ce club très select remise en question.


Malgré cette transformation cosmétique, la firme de Mark Zuckerberg n’a rien d’un géant ou d’un pionnier dans le très prometteur domaine du Métavers. Facebook reste un réseau social.


Le réseau social d’une génération d’étudiants en 2004, lors de sa fondation. Une génération qui a aujourd’hui presque 20 ans de plus, a transmis ses habitudes ‘Facebook’ à ses parents. Mais pas à ses enfants. Or, l’évolution démographique d’une seule et même génération, voire deux générations, connaît toujours le même chemin. Et la même fin. Au fil du temps, la population d’une même génération décroît. Inexorablement.


C’est ainsi qu’en 2021 et 2022, Facebook commençait à perdre des utilisateurs. Jusqu’à un million en un trimestre.


Mais la perte est encore bien plus spectaculaire en bourse : - 65 % en 2022, contre - 35% pour le Nasdaq. Apple a donné le coup de grâce à la bête déjà à terre, en bloquant l’accès de Meta aux données des utilisateurs d’I Phone.


Pour limiter la casse, Facebook a dû sabrer dans les coûts : en novembre, le réseau social annonçait la suppressions de 11.000 emplois, soit environ 13% de ses effectifs.


Décidément, le F de Facebook n’a – pour le moment ?- plus sa place en tant que « big five ».


D’autant plus qu’un nouveau venu, chinois, affiche une croissance fulgurante, et revendique bientôt… 2 milliards d’utilisateurs. Certaines sources évoquent même 3 milliards de téléchargements de l’app.


T pour TikTok ?


TikTok est le réseau de la génération Z. Même la plateforme Youtube doit de plus en plus souvent se contenter de relayer des vidéos affublées du logo de la firme chinoise.


Et c’est peut-être là à la fois sa force et son talon d’Achille : elle est chinoise.


Une force, incontestablement, puisque son marché domestique est de loin le plus grand du monde. Une faiblesse, car sa nationalité implique des soupçons d’intervention plus ou moins opaque de la part d’un gouvernement habitué aux controverses. L'entreprise dispose d'une mine de données sur les utilisateurs et cela inquiète les gouvernements occidentaux. Le Sénat américain a déjà adopté une loi interdisant l'application sur les téléphones portables appartenant au gouvernement fédéral. En Inde, les applications chinoises telles que TikTok sont interdites depuis un certain temps.


Le T pour Tiktok apparaîtra-t-il un jour dans l'acronyme emblématique ? La question demeure. Dans tous les cas, la plateforme devra trouver un moyen de convaincre les gouvernements occidentaux qu'elle n'abuse pas des données personnelles.... Ce n’est pas gagné. D’autant que le groupe n’est pas coté en bourse, et n’a pas les mêmes contraintes de transparence que les autres géants du net.


Les autres lettres


Les autres lettres, M de Microsoft, A de Amazon, Alphabet (Google) et d’Apple, N de Netflix ont pu connaître des déboires, mais leur leadership reste incontestable.


Que ce soit dans le Cloud, l’e-commerce, le contenu, ils ont réussi à se rendre incontournables pour des masses colossales d’utilisateurs. En devenant non-seulement des plateformes, mais de vraies « market places », ou, toujours en Anglais, « the place to be ».


Par leur rôle central, ces géants sont devenus des réseaux monopoles, bénéficiant du formidable levier que procure l’effet de réseau.


Effet de réseau


Qu’est-ce que l’effet de réseau ? Un phénomène qui décrit comment la valeur d'un produit, d'un service ou d'une plate-forme augmente en fonction du nombre d'acheteurs, de vendeurs et/ou d'utilisateurs. Une augmentation exponentielle. C’est un certain Robert Metcalfe qui a découvert ce phénomène : la force d’un réseau est proportionnelle au carré du nombre de ses utilisateurs. Son carré. Pas sa somme. Et cela change tout, quand on s’appelle Amazon. Qu’on n’est pas juste un revendeur, mais une mise en réseau entre acheteurs et vendeurs. Le plus grand réseau du monde.


Quel que soit son nom


Quel que soit son nom, la technologie a son avenir devant elle. Et même bien au-delà du seul internet. Les besoins ont été démultipliés au cours des 3 dernières années.


Emergence du télétravail, du commerce en ligne, des besoins en stockage et sécurisation des données, du virtuel, que ce soit pour la modélisation médicale ou industrielle, sont autant d’exemples d’activités qui ont fait exploser la demande de technologies.


La révolution industrielle verte, sous tous ses aspects, vient compléter le tableau.


Un avenir prometteur, donc, et pourtant bien moins cher aujourd’hui. Quand les taux montent, le secteur technologique baisse en bourse. Et les taux sont déjà montés.


En 2022, les valeurs technologiques ont principalement souffert de la hausse des taux d'intérêt. Pour 2023, Belfius Research table plutôt sur une stabilisation des taux d'intérêt à long terme. Une bonne nouvelle pour la valorisation boursière des entreprises de croissance, que l'on retrouve principalement dans le secteur technologique.



Ce document, rédigé et publié par Belfius Banque, donne la vision de Belfius Banque sur les marchés financiers. Il ne contient pas de conseil en investissement personnalisé, pas de recommandation d’investissement, ni de recherche indépendante en matière d’investissement. Si vous êtes à la recherche de conseils en investissement personnalisés, vous pouvez vous adresser à votre conseiller financier qui se fera un plaisir d’examiner avec vous les effets éventuels de cette vision sur votre portefeuille d’investissements personnel. Les chiffres mentionnés sont des instantanés et sont susceptibles d’évoluer.