27 janvier 2022

Nicolas Deltour
Head of Investment Strategy @Belfius

 

Flash Vos Investissements


Remous dans les marchés boursiers: ne vous laissez pas guider par l'illusion du jour


Un marché qui baisse de plusieurs pourcents en une journée n’est pas un fait inhabituel. Les chiffres décevants de Netflix et les tensions géopolitiques avec la Russie sont autant d’excuses pour prendre des bénéfices après un rallye boursier de 20 mois. De nombreux gestionnaires d’actifs appelaient d’ailleurs de leurs vœux une pause salutaire dans cette hausse vertigineuse des prix.

Ce qui soulève davantage de questions, c’est la manière dont la Maison Blanche communique sur l’Ukraine, et la Fed sur l’inflation et sur les taux directeurs.

Que devons-nous en conclure? Quelles sont les implications pour les investisseurs?

Une communication maladroite alimente l'incertitude


Le marché est cynique. Il s’accommode d’à peu près tout, y compris des guerres et des attentats. Il suffit pour s’en convaincre de regarder la chronologie des attentats en Europe ces 20 dernières années, et l'impact sur les performances des actions. Plus le temps passe, moins les marchés sont impactés par ces événements.


Cependant, le marché a toujours du mal à gérer l'incertitude. La semaine dernière, Biden a fait un faux pas lorsqu'il a semblé suggérer qu'une «incursion mineure» ne serait pas sanctionnée immédiatement. Le lendemain, il était plus catégorique: «Si une seule unité russe franchit la frontière ukrainienne, il s'agit d'une invasion». Il n'en fallait pas plus pour faire monter la tension. Les discussions diplomatiques du vendredi 21 janvier n'ont donc pas abouti. Les investisseurs ont appuyé sur le bouton de vente.


Mais qui croirait une seule seconde que l’Est et l’Ouest chercheraient à s’affronter dans une guerre inutile et coûteuse? Alors que les véritables enjeux (économiques) sont en Chine.


La banque centrale américaine (Fed)


Pendant des mois, la banque centrale américaine a maintenu son mantra: l’inflation est transitoire. Ce n'est qu'à la mi-décembre qu'il est devenu évident que le discours changeait progressivement.


Transitoire, l’inflation? À son niveau actuel, oui, bien sûr. L'inflation diminuera progressivement en raison de l'effet de base (base de comparaison avec l'année précédente). Mais l'inflation sera plus élevée que ce à quoi nous étions habitués jusqu'en 2019. Dans quelle ampleur? C’est la question.


Nous attendions une clarification de la Fed. Nous avons en partie notre réponse. Dans sa déclaration officielle du 26 janvier, elle a indiqué qu'il serait "bientôt appoprié" de relever son taux directeur et de mettre fin aux achats mensuels d'obligations début mars. Dans un premier temps, les marchés financiers se sont calmés avec même une légère hausse des cours des actions, mais lors de la conférence de presse du président Jerome Powell, les marchés boursiers se sont repliés. Powell a clairement indiqué que la vis sera serrée.

Conclusion - ce qui compte vraiment


Sentiment

Le marché est passé en mode «risk off». Il est particulièrement intéressant de constater que les cryptos sont désormais assimilées à du «risky asset», et ne présentent plus les caractéristiques d’une valeur refuge. Les plus emblématiques d’entre elles ont perdu la moitié de leur valeur depuis novembre.

Taux d’intérêt à long terme

Le taux d’intérêt à 10 ans a légèrement augmenté, en Amérique et en Europe. Ce qui désavantage paradoxalement les entreprises les plus prometteuses.

L'évaluation des sociétés de croissance est principalement basée sur les bénéfices futurs. Ceux-ci perdent en effet de leur valeur actualisée à mesure que les taux d'intérêt augmentent. En d'autres termes, après la correction actuelle (toujours autour de 10%), les entreprises de croissance dont la valeur future augmentera plus que la moyenne à l’avenir peuvent être des investissements attractifs. Pensez aux sociétés informatiques, mais aussi aux sociétés de biotechnologie qui ont subi une forte correction.

Contraintes et opportunités de l’économie réelle

En tant qu'investisseur, regardez l'économie réelle et ne vous laissez pas guider par l'illusion du jour. Nous restons surpondérés en actions et expliquons pourquoi. Dans le monde entier, l'économie est en croissance, et Aux États-Unis et en Europe, elle dépasse son potentiel. Et en Chine, nous assistons à un assouplissement de la politique monétaire.

Quid des risques ? Le Covid reste un risque, mais avec le vaccin et la variante Omicron moins pathogène, nous semblons être sur la bonne voie. L'inflation et la hausse des taux d'intérêt entraîneront davantage de fluctuations sur les marchés boursiers cette année. Il est possible de s’en prémunir. En évitant les revenus fixes, en évitant les secteurs sensibles aux lockdowns, et en privilégiant les actions des sociétés présentant du «pricing power» (sociétés qui peuvent répercuter la hausse des coûts au client), ou des solutions uniques, qui seront soutenues par les vagues sociétales actuelles (green deals européen et américain, digitalisation, etc).

Les valorisations des actions sont moins chères qu'il y a un an car les bénéfices sont en hausse. Il est possible d’en profiter pour qui sait garder la tête froide.

Tôt ou tard, la bourse rejoint le réel. Le cap reste intact. En cas de turbulences, l’essentiel est de garder ce cap, sans se laisser distraire par les vagues.

Il n’y a pas de nouvelle catastrophe économique. Il n’y a pas de bulle. Et, en principe, il n’y aura pas de 3ème Guerre mondiale. Juste un peu d’inflation. Les taux d'intérêt à long terme augmentent progressivement, mais les taux d’intérêt réels restent négatifs. De quoi continuer à éviter les obligations d’État à taux fixe, et à continuer de privilégier les investissements en actions.

 

Ce document, rédigé et publié par Belfius Banque, donne la vision de Belfius Banque sur les marchés financiers. Il ne contient pas de conseil en investissement personnalisé, pas de recommandation d’investissement, ni de recherche indépendante en matière d’investissement. Si vous êtes à la recherche de conseils en investissement personnalisés, vous pouvez vous adresser à votre conseiller financier qui se fera un plaisir d’examiner avec vous les effets éventuels de cette vision sur votre portefeuille d’investissements personnel. Les chiffres mentionnés sont des instantanés et sont susceptibles d’évoluer.