13 mai 2022

Klaas Janssens
Investment Advisor

 
Le conflit militaire en Ukraine se poursuit invariablement depuis déjà près de 3 mois. Du côté des bourses, après une reprise en mars, elles ont à nouveau chuté en avril et nous constatons également des mouvements plus importants sur les marchés financiers. Lors de la commémoration de la victoire soviétique sur l’Allemagne nazie le 9 mai, le président russe n’a pas dévoilé ses cartes. Il a décrit l’invasion en Ukraine comme une mission d'auto-défense. Et il n’a pas annoncé de mobilisation générale.

Le point sur la situation en Ukraine


Après le retrait de l'armée russe de la région de Kiev, la campagne militaire se concentre à présent sur le Donbass, le cœur industriel de l’Ukraine orientale. Mais selon le Pentagone, l'opération s'avère difficile parce que

  • l'armée ukrainienne y occupe déjà des positions défensives depuis 2014
  • la Russie se heurte à des pertes humaines et matérielles considérables
  • l’Occident fournit de nouveaux systèmes de défense à l’Ukraine.

Il semble de plus en plus que ce conflit pourrait se prolonger. Dans ce contexte, certains se demandent si une solution diplomatique ne devrait pas être recherchée plus activement, maintenant que les conséquences économiques de cette guerre se font sentir dans le monde entier. Selon certaines sources, les négociations de paix ne pourront démarrer que si la Russie arrive à remporter une victoire majeure.


Mais Poutine ne dévoile pas ses cartes. La jonction terrestre entre la Crimée et la frontière russe serait quasi réalisée. Mais selon certains analystes,il semble de plus en plus que l’annexion du Donbass et le contrôle de la mer Noire soit également d'une importance primordiale pour la Russie. Reste à savoir si l’Ukraine est prête à céder autant de territoire. La ville portuaire d’Odessa et l'accès à la mer Noire sont d'une importance vitale pour l’économie ukrainienne. D’autre part, la Russie ne disposerait actuellement pas de troupes suffisantes pour atteindre cet objectif.

Impact sur les marchés financiers


L'inflation qui est en hausse dans le monde entier depuis début 2021 atteint des pics que nous n'avons plus vus depuis plus de 40 ans. Nous pouvons quand même espérer que le sommet est en vue. La demande de pétrole est retombée en raison des confinements stricts en Chine. Les prix pétroliers ont peu réagi à l’annonce de l’embargo proposé par la Commission européenne à l'encontre de la Russie. Alors qu’il fallait encore débourser près de 130 dollars par baril le 8 mars, le prix s’élève actuellement à 105 dollars, soit une baisse de quasi 20%. Mais les Européens profitent un peu moins de cette diminution du prix. En effet, le dollar est devenu plus cher par rapport à l’euro.


La force du dollar peut s’expliquer par la politique attentiste de la Banque centrale européenne (BCE) vis-à-vis de l’intervention énergique de la Réserve fédérale américaine (Fed). La Fed a déjà augmenté le taux à court terme deux fois cette année et de nouvelles hausses sont au programme ces prochains mois. La BCE ne pourra pas faire autrement qu’intervenir également. Les analystes s'attendent à une première hausse de taux en juillet. Entre-temps, les taux à long terme ont déjà fortement grimpé. Le taux à 10 ans allemand fluctue autour de 1% alors qu’il était encore négatif fin décembre (-0,20%). Aux USA, le taux à 10 ans flirte avec les 3%, deux fois plus qu’au début de cette année.


Les bourses craignent que la hausse des taux mette la croissance économique en péril. La presse évoque de plus en plus un scénario de stagflation – une période similaire aux années ’70, marquée par une inflation élevée, un recul de la croissance et un chômage important. Nous ne croyons pas à un tel scénario. Le marché du travail est robuste et de nombreuses entreprises sont encore à la recherche de personnel et ont des difficultés pour combler les postes vacants. Un autre facteur positif est que de nombreux ménages ont vu leur épargne augmenter ces dernières années. Christine Lagarde, présidente de la BCE, ne table pas non plus sur un scénario de stagflation. C’est ce qu’elle a déclaré récemment lors d’une interview avec un journaliste slovène. Lagarde a fait un discours à l'occasion du trentième anniversaire de la banque centrale de Slovénie.


Il est impossible de dire si la bourse a touché le plancher. Le fait est cependant que les valorisations, les ratios cours/bénéfice, sont fortement retombés. Mais la bonne nouvelle est que les bénéfices attendus pour cette année ont été revus à la hausse. Les corrections haussières résultent peut-être aussi des bénéfices des entreprises supérieurs aux attentes au premier trimestre 2022. Pour ce qui est de l’évolution des cash-flows et des marges des entreprises, il sera primordial que les consommateurs restent au rendez-vous ces prochains mois.


Il est manifeste que les grandes fluctuations boursières ne sont pas encore finies et que les incertitudes restent élevées. Un portefeuille d'investissement qui donne la priorité à la qualité et qui est bien diversifié entre toutes les régions et les secteurs peut à terme résister à bien des tempêtes.

 

Ce document, rédigé et publié par Belfius Banque, donne la vision de Belfius Banque sur les marchés financiers. Il ne contient pas de conseil en investissement personnalisé, pas de recommandation d’investissement, ni de recherche indépendante en matière d’investissement. Si vous êtes à la recherche de conseils en investissement personnalisés, vous pouvez vous adresser à votre conseiller financier qui se fera un plaisir d’examiner avec vous les effets éventuels de cette vision sur votre portefeuille d’investissements personnel. Les chiffres mentionnés sont des instantanés et sont susceptibles d’évoluer.

Partagez cet article: