6 mai 2022

Klaas Janssens
Investment Advisor

 
Le conflit militaire en Ukraine se poursuit depuis maintenant plus de 2 mois. Du côté des bourses, après une reprise en mars, elles ont à nouveau chuté en avril. Nous constatons également des mouvements plus importants sur les marchés financiers. Dans les prochaines semaines, la politique des banques centrales va se clarifier.

Le point sur la situation en Ukraine


Après son retrait de la région de Kiev, l’armée russe se concentre à présent sur le Donbass. Toutefois, selon le Pentagone, les opérations semblent difficiles étant donné que:

  • l'armée ukrainienne y occupe déjà des positions défensives depuis 2014
  • la Russie se heurte à des pertes humaines et matérielles considérables
  • l’Occident fournit de nouveaux systèmes de défense à l’Ukraine

Le conflit est dès lors entré dans une nouvelle phase. En effet, alors qu'au début de la guerre, différents pays (p. ex. l’Allemagne) ont refusé de fournir des armes lourdes et des véhicules blindés à l’Ukraine, cette réticence ne semble plus d'actualité. La coalition occidentale livre de plus en plus d'armes lourdes.. Ces dernières semaines, la Pologne a fourni plus de 200 tanks de fabrication russe (T-72) à l’Ukraine. Le Kremlin a réagi en coupant les livraisons de gaz à la Pologne et la Bulgarie.


Il est difficile de prédire la durée de ce conflit. Selon certaines sources, les négociations de paix ne pourront démarrer que si la Russie arrive à remporter une victoire sérieuse. La jonction terrestre entre la Crimée et la frontière russe a été réalisée, mais une annexion du Donbass paraît, selon certaines d’entre elles, également d’une importance primordiale.


Selon certains analystes, il y a différents scénarios possibles. L’un de ceux-ci serait que la Russie décide que les régions ukrainiennes actuellement sous le contrôle de l'armée russe soient proclamées territoire russe. Selon certains, les négociations de paix avec l’Ukraine débuteraient ensuite. Un second scénario serait que la Russie reconnaisse factuellement qu’elle ne dispose pas de la puissance, ni des moyens suffisants pour contrôler totalement un pays comme l’Ukraine.


Dans un autre scénario encore, le Kremlin ne se contenterait pas de la situation actuelle et entendrait envahir la totalité du Donbass. Pour le moment, l'armée russe semble très handicapée par les conditions météorologiques pluvieuses et défavorables, un problème qui sera résolu en été. Cela donnerait aussi à la Russie plus de temps pour acheminer plus de moyens. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergei Lavrov, a déjà laissé entendre que cette possibilité existe.

Une dernière option serait que Poutine aille au-delà du pont terrestre dans le sud et les provinces de l’est et entende conquérir tout le territoire à l’est du Dnjepr, y compris Odessa. Actuellement, les troupes semblent insuffisantes pour poursuivre cet objectif. Certains analystes pensent que Poutine pourrait rappeler 2 millions de réservistes supplémentaires le 9 mai, pour ainsi envahir une grande partie de l’Ukraine.


L’impact sur l’économie et l’inflation


Les marchés pétroliers et du gaz sont encore sous tension pour le moment. Après l’annonce de la coupure des livraisons de gaz à la Pologne et la Bulgarie par la Russie, les prix ont flambé dans une première phase, pour retomber ensuite. Les prix du gaz et du pétrole ont fortement baissé par rapport au record enregistré en mars.1


Entre-temps, l’UE a annoncé un plan visant à instaurer un embargo sur le gaz russe d’ici la fin de l’année. Cette proposition doit encore être approuvée par les 27 chefs de gouvernement et elle serait mise en place progressivement, de façon à avoir le temps de trouver des producteurs alternatifs. Il y a heureusement encore de la marge pour augmenter la production mondiale de pétrole et de gaz. La production totale des pays exportateurs de pétrole est encore inférieure à celle d'avant la pandémie de Covid.


L'inflation continue à enregistrer des records, tant dans la zone euro (7,5%) qu’aux États-Unis (8,54%). Le 4 mai, la banque centrale américaine a augmenté le taux à court terme officiel de 0,5%, en dépit d’une contraction de l’économie américaine au premier trimestre. La Banque centrale européenne va probablement aussi augmenter les taux d’intérêt de manière modérée pour ne pas mettre en danger la croissance économique.


Ces dernières semaines, les marchés ont connu une évolution volatile et tiennent déjà compte des prochaines hausses de taux. La question est seulement de savoir si les marchés ne réagissent pas trop fortement. De plus en plus de signaux indiquent un ralentissement de la croissance chinoise (cfr les confinements), ce qui pourrait entraîner une baisse des prix des matières premières. Le taux réel (le taux à long terme moins l'inflation) demeure historiquement bas, voire même négatif. Il en résulte que les actions constituent encore un bon moyen de diversifier un portefeuille. La panique n’est jamais bonne conseillère: la diversification, le profil d'investissement et l'horizon restent les mots clés pour poursuivre des objectifs financiers en toute flexibilité.




1 Le 8 mars, le baril de Brent coûtait près de 130 dollars, contre 108 le 4 mai. Source: Reuters-Refinitiv

 

Ce document, rédigé et publié par Belfius Banque, donne la vision de Belfius Banque sur les marchés financiers. Il ne contient pas de conseil en investissement personnalisé, pas de recommandation d’investissement, ni de recherche indépendante en matière d’investissement. Si vous êtes à la recherche de conseils en investissement personnalisés, vous pouvez vous adresser à votre conseiller financier qui se fera un plaisir d’examiner avec vous les effets éventuels de cette vision sur votre portefeuille d’investissements personnel. Les chiffres mentionnés sont des instantanés et sont susceptibles d’évoluer.

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