Selon le site PensionStat.be, les femmes perçoivent en moyenne 499 euros de pension de moins que les hommes, soit un écart de 21%1.
Ce chiffre est impressionnant, mais doit être nuancé. En effet, ces données concernent les personnes ayant perçu une pension de retraite pour la première fois en 2023 (c’est-à-dire celles qui ont commencé à travailler au début des années 80). Il est probable que cet écart diminue dans les années à venir pour deux raisons:
1. Assouplissement des conditions d’accès à la pension pour les conjoints aidants à partir du 1er janvier 2023
Au 31 décembre 2021, 18.297 conjoints aidants étaient des femmes (86,24%) alors que seuls 2.919 hommes (13,76%) bénéficiaient de ce statut2.
Depuis 2003, les conjoints aidants bénéficient de droits à la pension qui leur sont propres via un régime spécifique (le maxi-statut). Cependant, pour en bénéficier il était nécessaire de justifier d’une carrière professionnelle de 30 ans. Dès lors, les personnes nées avant juin 1968 n’avaient souvent pas droit à la pension minimum à l’âge légal de la pension. Ces conjoints aidants, majoritairement des femmes, étaient donc pénalisés.
Ce n’est que depuis le 1er janvier 2023 que les conditions d’admissibilité à la pension minimum ont été assouplies afin de remédier à cette situation. Les conjoints aidants nés entre le 1er janvier 1956 et le 31 mai 1968 peuvent désormais bénéficier de droits propres à la pension, pour autant qu’ils aient été affiliés pendant au moins un trimestre au maxi-statut entre le 1er janvier 2003 et le 30 septembre 2005, et qu’ils aient une carrière au moins égale aux deux tiers d’une carrière complète entre le 1er janvier 2003 et le trimestre précédant la date de prise de cours de la pension.
Astuce: en tant que conjoint aidant, il serait utile de veiller à être affilié au maxi-statut, à être affilié à la même caisse d'assurance sociale que votre conjoint et à payer des cotisations sociales.
2. Congé parental et crédit-temps
Pour les personnes qui ont perçu une pension de retraite pour la première fois en 2023, les possibilités de congés parentaux et de crédits-temps étaient très limitées durant leur carrière. De nombreuses femmes optaient par le passé pour un travail à temps partiel afin de s’occuper de leurs enfants, ce qui a évidemment eu un impact sur leur pension.
Depuis plusieurs années, il est possible d’opter pour un congé parental ou un crédit-temps pour s’occuper des enfants3. Le grand avantage de ces formules est qu’elles n’ont aucun impact sur le calcul de la durée de carrière ni sur le montant final de la pension.
Astuce: avant d’opter pour un emploi à temps partiel, il est toujours pertinent d’explorer d'abord toutes vos possibilités en matière de congé parental et de crédit-temps pour vous occuper de vos enfants.
En 2020, la Belgique comptait environ 300.000 personnes «au foyer», dont la grande majorité était des femmes4, qui ne bénéficient donc pas de droits propres à la pension.
Quelles solutions peuvent être envisagées pour apporter une certaine protection aux personnes concernées?
1. La pension «de ménage»
Si vous êtes marié(e), mais que votre partenaire ne perçoit pas de pension (ou une faible pension), vous pourriez bénéficier, pour le couple, d’une pension calculée au taux «de ménage», soit une pension qui prend en compte les salaires des deux partenaires à concurrence de 75%.
En tant que cohabitant (légal ou de fait), ce taux «de ménage» ne sera pas appliqué et les droits à la pension seront calculés au taux «isolé». Dans ce cas, la pension prend en compte les salaires de chaque partenaire à hauteur de 60% seulement.
Astuce: si l'un des partenaires ne travaille pas, il peut être judicieux d'envisager de se marier. Bien entendu, le mariage a un impact considérable sur le patrimoine et il convient d'en mesurer toutes les conséquences.
2. Créer une solidarité grâce au contrat de mariage
Si vous choisissez de vous marier, cela n’affecte pas seulement la pension. Cela peut également créer une solidarité entre les partenaires.
Vous pouvez choisir de vous marier sous le régime légal de la communauté, ce qui signifie que tous les revenus perçus pendant le mariage sont automatiquement communs. Ainsi, si l'un des partenaires ne travaille pas, les revenus professionnels de l'autre entrent de toute façon dans un pot commun. En cas de divorce, ce pot commun est divisé en deux parts égales.
Soit vous vous mariez sous le régime de la séparation de biens, mais vous prévoyez une certaine forme de solidarité dans le contrat de mariage. Cela peut se faire en prévoyant ce qu’on appelle une «société d’acquêts», qui permet aux époux de décider que certains biens seront communs. En cas de divorce, chaque conjoint recevra en principe la moitié des biens appartenant à la société d’acquêts.
Attention! Vous ne pouvez pas stipuler dans le contrat de mariage que les revenus professionnels seront versés dans la société d’acquêts, car votre régime pourrait alors être requalifié en régime légal de la communauté. Par contre, vous pouvez, par exemple, placer certains comptes bancaires dans la société d’acquêts. Il peut s'agir d'épargne, par exemple.
3. L'épargne-pension
Attention! Si vous n'avez jamais travaillé, vous ne bénéficierez pas d’une pension légale. Si vous n'avez jamais été marié(e), vous n'aurez pas non plus droit à une pension de survie ni à une pension de conjoint divorcé. Si vous ne disposez pas de ressources suffisantes, vous pourriez seulement avoir droit à la garantie de revenus aux personnes âgées.
Il est donc utile de souscrire une épargne-pension. C'est ce qu'on appelle le 3e pilier de pension. De cette manière, vous mettez chaque année de côté une somme d'argent et constituez ainsi un capital pension tout en bénéficiant d’une réduction d’impôts (plafonnée).
Astuce: en 2025, vous pouvez épargner jusqu’à 1.050 euros et bénéficier ainsi d’une réduction d'impôts de 315 euros tout en vous assurant un capital pour vos vieux jours.