En 2025, Donald Trump succédera à Joe Biden en tant que 47e président des États-Unis. Quelles lignes politiques avance-t-il et quel en sera l’impact éventuel?
Contrairement à sa victoire en 2016, Trump dispose à présent d’une majorité républicaine dans les deux chambres du Congrès. Il lui sera dès lors en principe plus facile de faire adopter ses idées politiques. Trump est favorable aux baisses d’impôt mais avec une dette publique de 120% du produit intérieur brut (PIB)1, il doit chercher des revenus. Il espère les trouver dans les droits de douane et une simplification de l’administration.
Les baisses d’impôt prévues sont bonnes pour les bénéfices des entreprises et la consommation
Il est très probable que Trump prolonge ses baisses d’impôt de 2017, qui prennent normalement fin en 2025. Il veut également supprimer les impôts sur les heures supplémentaires et les pourboires et à partir de 2026, les impôts des sociétés pourraient encore être abaissés.
La guerre commerciale fera-t-elle son retour?
Trump veut appliquer 60% de droits de douane sur tous les produits chinois. D’autres partenaires commerciaux peuvent aussi être confrontés à une augmentation des taxes douanières.
Plus grande efficacité de l’administration
Selon Trump, l’administration américaine peut être beaucoup plus efficace. Avec le patron de Tesla, Elon Musk, et le fondateur de Roviant Sciences, Vivek Ramaswamy, il espère y mettre de l’ordre et économiser un demi-billion de dollars2. Pendant sa campagne, il parlait encore de 2 à 3 billions de dollars. Un scénario irréaliste car les dépenses publiques fédérales sont consacrées à raison de:
- 60% aux dépenses «obligatoires» de la sécurité sociale
- 10% au paiement des intérêts de la dette
- 30% aux dépenses publiques fédérales «non obligatoires», dont la moitié à la défense3
La partie effective des dépenses dans lesquelles les deux entrepreneurs pourraient pratiquer des coupes claires pourrait donc être plus réduite qu’estimé. Il est possible de faire des économies dans les domaines de la défense et des dépenses obligatoires, mais ce sera plus difficile à défendre sur le plan politique.
Politique migratoire stricte
La politique migratoire aux États-Unis se heurte à toujours plus de résistance. Trump a déclaré qu’il voulait intervenir beaucoup plus drastiquement que Joe Biden.
Impact de la politique: sans doute, une hausse de l’inflation
Une politique fiscale expansive est positive pour la croissance économique et les bénéfices des entreprises mais elle peut aussi réveiller l’inflation.
La politique migratoire plus stricte est plutôt négative pour l’économie. Si Trump devait procéder à des déportations, cela pourrait entraîner des augmentations des exigences salariales, parce que le marché de l’emploi américain est actuellement déjà tendu.
De même, les taxes douanières peuvent faire gonfler l’inflation. Certainement si Trump devait mener une politique commerciale très agressive, visant – outre les droits de douane sur les produits chinois – les biens en provenance d’Europe, du Canada ou du Mexique. Le cas échéant, d’autres pays réagiront par des contre-mesures et le risque de perturbations des chaînes d’approvisionnement sera réel. Avec toutes les conséquences y afférentes pour l’inflation.
L’Europe sera aussi touchée
L’élection de Trump a aussi une influence sur l’économie européenne. L’industrie européenne, déjà en proie aux difficultés, devra en effet tenir compte des droits de douane éventuels.
Depuis la réélection de Trump, l’euro est moins cher de 5%. Une devise plus faible est une aubaine pour les exportateurs européens et peut compenser dans une certaine mesure les droits de douane éventuels. Mais la faiblesse de l’euro rend plus chères nos importations de biens libellés en dollar, comme le pétrole. Et les prix du pétrole et du gaz en Europe sont déjà plus élevés qu’aux États-Unis, un désavantage compétitif pour notre industrie.
Difficile de chiffrer l’impact de sa politique, mais il est clair que nos entrepreneurs devront s’accommoder de ces incertitudes.
Réexamen de l’impact du premier mandat de Trump
En 2016, l’économie se trouvait dans une autre phase qu’actuellement. L’inflation était faible et la croissance pataugeait. Le taux à 10 ans atteignait un plancher historique à l’été 2016. Toutefois, les premiers signes de reprise se manifestaient et les taux commençaient à grimper, déjà avant l’élection de Trump. Sa victoire n’a fait que renforcer cette tendance.
Une fois au pouvoir, début 2017, on a assisté à un rebond des taux avant qu’ils ne stagnent ensuite pendant un an. Ce n’est qu’en 2018 qu’ils ont de nouveau progressé, pour redescendre en 2019 et atteindre les planchers de l’été 2016.