Quand partir à la pension ?

L’âge légal de la retraite : un sujet sensible

Pendant la précédente législature, le gouvernement Di Rupo a pris des dispositions limitant la possibilité de prendre sa retraite anticipée (passage de l’âge minimum de 60 à 62 ans dès 2016, avec des mesures transitoires de 2013 à 2015). Il n’avait néanmoins pas touché à l’âge légal de la retraite : 65 ans. Le gouvernement Michel a, lui, mentionné ce point dans son accord de gouvernement : l’âge légal de la pension passera à 66 ans en 2025 et à 67 ans en 2030.

Recommandations européennes

Notons que la Belgique s’inscrit dans une tendance presque unanime au sein de l’Europe. S’il est vrai que la Commission européenne n’a pas le pouvoir d’imposer de règles en la matière, elle émet des recommandations (dans le cadre du contrôle de l’état des finances publiques) qui, pour bon nombre d’Etats membres, traitaient spécifiquement des pensions ces dernières années.

Comme chacun le sait, le problème criant auquel la Belgique est confrontée est l’âge moyen de départ à la retraite : il est de 59 ans, contre 64 ans pour la moyenne européenne. Entre 55 et 65 ans, nous trouvons à peine 30 % de travailleurs actifs.

Les nouvelles conditions

Ainsi, actuellement et pour les années à venir, les conditions pour pouvoir prétendre à une pension légale anticipée sont les suivantes :

Date d'entrée en pension anticipée légale. Age minimum Conditions de carrière Exceptions Longue carrière
2015
61,5 ans
40 ans
60 et 41 ans de carrière
2016
62 ans
40 ans
60 et 42 ans de carrière
61 et 41 ans de carrière
2017
62,5 ans
41 ans
60 et 43 ans de carrière
61 et 42 ans de carrière
2018
63 ans
41 ans
60 et 43 ans de carrière
61 et 42 ans de carrière
A partir de 2019
63 ans
42 ans
60 et 44 ans de carrière
61 et 43 ans de carrière

Quid les métiers pénibles ?

Quant aux métiers pénibles, la question n’est pas encore tranchée… De quels métiers s’agit-il ? Quelles mesures seront prises à leur sujet ? La Commission de Réforme des Pensions (présidée par Frank Vandenbroucke) a rendu un avis en avril 2015 : les métiers pénibles devraient donner droit à des points supplémentaires et pas à des dérogations dans le domaine de l’âge de la pension. L’idée serait d’accorder un poids plus conséquent à une année prestée dans le cadre d’un métier lourd, ce qui permettrait aux personnes concernées de prendre leur retraite anticipée tout en percevant une pension légale comparable à celle allouée à un bénéficiaire qui aurait effectué une carrière complète.

Le système de pension sur la base de points

Pour rappel : dans son rapport de juin 2014, la Commission de Réforme des Pensions proposait un système de pensions sur la base de points qui, selon l’accord de gouvernement, devrait entrer en vigueur au plus tard en 2030. L’idée générale est la suivante : durant votre carrière, vous collectez des points pour votre pension, ces points s’accumulent sur un compte individuel et sont convertis en euros lors de votre admission à la pension. Vous recevez un point par année pendant laquelle vous avez perçu un revenu déterminé, en fonction de votre catégorie professionnelle (salarié/indépendant/fonctionnaire).

Si votre rémunération s’avérait plus ou moins élevée que la moyenne, vous recevriez plus ou moins d’un point. Que vaudrait un point ? La valeur en serait déterminée l’année de votre départ en pension (ce qui permettrait d’y intégrer l’évolution des paramètres démographiques et économiques).

Dans le cas des métiers pénibles, la proposition est de multiplier les points par un coefficient positif. Reste la question des métiers considérés comme pénibles, que la Commission nationale des pensions devra trancher, ce qui nous promet encore des discussions animées.

Annie Cantineau, expert Financial Planning, Wealth Analysis & Planning chez Belfius Banque & Assurances